samedi 18 octobre 2008

Denis Bloud communique

De: dbloud@free.fr. Objet: Nouvelle page http://dbloud.free.fr/monnaie.htm - L'imposture monétaire : les solutions physiocratiques de Douglas, Duboin et Gesell
Date: 17 octobre 2008 13:06:23 GMT+02:00
À: dbloud@free.fr

L'imposture monétaire : les solutions physiocratiques de Douglas, Duboin et Gesell

Le texte ci-dessus est fondé sur les références cliquables suivantes :
Nos retraites et nos industries ne doivent plus dépendre des états d’âme des
spéculateurs, dont le « marché » est la grande cour de récréation. Les
actions doivent être cotées objectivement par des indices comptables reflétant leur valeur réelle. Les banques ne sont pas nécessaires afin de créer la monnaie et le crédit, comme l’avaient démontré autrefois Jacques Duboin (l’Economie distributive), Silvio Gesell (l’Economie franche) et Clifford Douglas (le Crédit social) dans le prolongement de la thèse physiocratique du médecin François Quesnay, pour lequel la richesse est le sang de la nation. En voici trois exemples historiques : la
création des assignats entre 1791 et 1797 a non seulement empêché la faillite de l'État français mais contribué à la réduction de la dette et permis de trouver l'argent nécessaire au financement de la guerre.

- Lincoln n’a pu vaincre les Sudistes qu’en créant ses « Greenbacks» gagés sur le trésor public, avant d’être assassiné en 1865 par les banquiers de l’époque, qui voulaient lui
prêter à un taux compris entre 24 % et 36 % !
- John Kennedy n’a pu lancer son programme social en 1963 qu’en créant également une monnaie d’Etat qui disparut –comme par hasard- dès son assassinat six mois plus tard.
- Dans un article du quotidien Le Monde (du 25/10/1988), Maurice Allais , prix Nobel 1988 d’économie, déclare qu’il n’y a pas de différence aujourd’hui entre le métier de faux-monnayeur et celui de banquier. Peut-on être plus clair?

La solution distributive de Jacques Duboin
- Un premier diaporama (2 Mo) montre l’imposture de la monnaie scripturale créée ex nihilo par les banques privées et constituant 90 % de la masse monétaire en circulation (attendre la fin du téléchargement avant de cliquer). La 3e diapo affiche une lettre de lecteur parue sous mon nom dans la TG du mardi 19 octobre 1989 : près de 20 ans après cette lettre, le message reste le même. Sera-t-il mieux compris aujourd’hui ?
- Le deuxième diaporama (38 diapos – 4,5 Mo) affiche une excellente bande dessinée expliquant la solution de l’Economie distributive selon Jacques Duboin
(ancien Secrétaire d’Etat aux Finances).

Vidéos explicatives

- http://www.dailymotion.com/relevance/search/annunakis/vid...
(« Le Dollar et la Banque centrale » - 14min)
- http://www.dailymotion.com/video/xryjf_le-jeu-de-largent-...
(« Le Jeu de l’Argent » - 46 min)
- http://www.vimeo.com/1711304?pg=embed
&sec=1711304 («L’argent-dette » – film de Paul Grignon – 52 min)

Diaporama de 45 dessins expliquant la titrisation des "sub-primes":
http://picasaweb.google.com/rue89.com/Babasubprime?pli=1#...

(mise à jour du vendredi 17 octobre 2008)
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vendredi 5 septembre 2008

Merci pour le film "La Double Face de la Monnaie"

Je viens de recevoir le film "La Double Face de la monnaie" produit par Vincent Gaillard et Jérôme Polidor, 25 rue de Meaux , 75019 PARIS, 01 42 45 11 05 ou 06 83 18 62 19, ou www.lamare.org, ou http://mareauxcanards.ouvaton.org/, ou lamare@no-log.org, Jérôme dirige les éditions La Mare aux Canards, et publie en DVD ce film d’une heure : “La Double Face de la Monnaie”. Félicitations. C'est un très bon film. Tous les réseaux d'échange devraient vous l'acheter. Pour 18 Euros, port compris, c'est un cadeau.

Maintenant passons aux suggestions:
- Tous les intervenants sont parfaits, à part peut-être Bernard Leater, l'homme à la chemise bleue foncée, que je n'ai pas très bien compris.
- L'intervention de Pascale Delille par exemple : "L'entraide fait concurrence au travail comme le soleil fait concurrence à la chandelle...." est vraiment géniale.
- j'ai cru comprendre que c'était Eloïsa une des principales animatrices du réseau d’argentine qui parlait à la fin du film, mais j'ai pas vu son nom mentionné. Il eut été intéressant de mentionner que le réseau d’argentine s’est inspiré du réseau Ithaca (qui lui est toujours en pleine forme) pour ensuite diverger et se dissoudre presque complètement dans des querelles internes ....
- Il était possible de signaler que le banques du temps (ou Time dollars dont on voit un logiciel) étaient crées par Edgar Cahn à Washington. Voir http://timebanks.blogspot.com/ et dont le principal slogan est "We need each other" ("nous avons besoin les uns des autres")

- Si vous voulez faire une suite à ce film, il y a en Europe le "Cercle WIR" fondé en Suisse en 1934 par deux artisans et qui fonctionne toujours.
- Et un peu plus loin le système Ithaca hours, une ville au Nord de New York fondé par un authentique Ecolo (qui circule à vélo, même les jours de pluie): Paul Glover. Info sur >http://en.wikipedia.org/wiki/Ithaca_Hours<
- J'ai moi-même inventé un système qu'on appelle JEU (Jardin d'Echange Universel) dont je décris quelques facettes sur >http://www.monnaiesassociatives.blogspot.com/ < et qui commence à s'implanter en France et au Québec. On découvre et l'on comprend avec le JEU que chacun peut faire de l'argent soi-même en tenant ses comptes sur un petit carnet personnel. Le JEU apporte même quelques améliorations aux SELs en démontrant que l'on doit apprendre à maîtriser la création des unités d'échange et l'ajuster à la création des richesses.

dimanche 3 août 2008

La naissance des SELS et du JEU

Texte de Daniel Fargeas, tél. 04 68 29 40 89 ou daniel.fargeas@no-log.org

Le système des LETS est présenté en France en aout 94 par un représentant des LETS anglais lors d’une rencontre sur le thème de l’argent à Viols le Fort dans l’Hérault. Patrice Burger avait fait venir d’Angleterre un anglais pour nous parler de cette innovation: les systèmes d’échange locaux. Pour conclure un échange, celui qui recevait un service donnait en compensation à son partenaire un “bon d’échange” tout semblable à un chèque. Ce chèque était ensuite envoyé par lettre à un comptable qui traduisait à la main, dans son grand livre, cette information sur les comptes des partenaires.
J’avais en mémoire, depuis des années, le dessin de “l’Ile des Naufragés” de Louis Even. On y voit des petits personnages en combinaison de travail, devant un tableau noir. Ils réinventent la monnaie en notant publiquement les comptes de leurs échanges. J’ai essayé d’expliquer ce principe à un membre du C.A. (comité d'administration) du SEL de l’Ariège. La suggestion n’est pas passée. J’ai ensuite présenté l’idée à Jean Rocheron, président du SEL 66 au début de l’année 95.
Jean Rocheron vient me trouver un matin et me dit: “alors on la sort cette feuille de compte?” Nous nous sommes assis devant l’ordinateur et Jean a trouvé le nom “Feuille de richesse” . Cette feuille comportait une dizaine de lignes pour noter autant d'échanges.
Quand une feuille de compte personnelle était pleine, son propriétaire la postait au comptable qui devait la retranscrire sur le livre de compte de l’association.

3 Histoires de comptables
Notre premier comptable du SEL 66 recevait ces feuilles de compte à l’adresse de sa boite postale personnelle. Il avait quelque peine à mettre de l’ordre dans ses papiers. Les feuilles voltigeaient, éparses, sur la plage arrière et les sièges de sa voiture... Il n’arrivait pas à nous donner les comptes des partenaires. Les membres du C.A. étaient consternés. Ils se sont concertés puis ont demandé au comptable de rendre les feuilles. Notre héros nous a répondu que c’était “son SEL” et a refusé pendant des mois de transmettre les documents. Puis il a déclaré, devant la préfecture, avec sa femme, une association portant le même nom que la nôtre, SEL 66. La nôtre était “de fait”ou “non déclarée”. Sans doute a-t-il a essayé de recruter des adhérents en passant une annonce dans un journal local. Un jour j’ai reçu, d’un correspondant anonyme, une enveloppe pleine d’une dizaine de réponses à (publiée dans le journal local "El Punt", si je me souviens bien). J’ai rappelé ces dix personnes par téléphone. Il est apparu qu’elles avaient assimilé le système à un troc direct et aucune n’a été assez motivée pour payer les 20 F, demandés alors, pour inscrire son annonce dans le bulletin du réseau. Les feuilles de compte ont été enfin a peu près toutes récupérées grâce à notre ami Dan, un pilier du SEL qui s’est improvisé médiateur. Ça nous a bien occupé en C.A. pendant des mois et détourné des vraies questions.
A la fin du printemps 95, nous avons reçu la visite de deux membres du LETS de Brighton. Ils ont éclaté de rire en entendant notre histoire : leur comptable exigeait pour rendre les comptes que tout son travail lui soit payé en livres Sterling ... Tous les pacifistes et non violents de Brighton se sont mobilisés pour faire entendre raison à cet homme, sans beaucoup de succès à l’époque où nous en parlions.
Notre second comptable avait un esprit très pratique. Il participait régulièrement à toutes les réunions du Conseil d’administration. C’était souvent chez lui. Les réunions étaient “payées” en unités aux membres qui y participaient. SI je me rappelle bien, c’était de l’ordre de 150 unités par séance. C'était peu si l'on pense que les participants venaient de loin et que la séance durait plusieurs heures. C'était beaucoup, si l'on comptait 10 participants par séance, soit 1500 unités créées et injectées dans le réseau. Plus tard, je me suis demandé qu’elle était la richesse que recevait le réseau en échange . J’ai commencé à penser que le réseau se faisait pirater tout doucement par une équipe d’apprentis administrateurs...
Je rencontrais également souvent notre comptable lors de “bourses d’échange”. Il ne perdait pas de temps. Il était à l’affut et raflait tous les outils. Comme nous nous connaissions depuis longtemps, Il m’a confié : “Les outils, ça sert toujours”. Il les a entassé dans la cave de son immeuble pendant plusieurs années, puis à quitté le département...

Une histoire de fourmis
Nous arrivons en 97. Je vois à la télé une émission sur les fourmis. Les fourmis échangent des informations en frottant leurs antennes. Le commentateur explique que l’ordre s’installe dans la colonie par cet échange sans qu’il y ait besoin d’un centre et d’une hiérarchie...
L’idée fait sans doute son chemin. Un matin, je me réveille avec cette pensée: “introduis une case de plus sur ta feuille de compte sur laquelle tu noteras le solde de ton partenaire, et une autre case où tu noteras ses coordonnées. Et ton partenaire fera de même. Vous échangerez une information comme font les fourmis Si l’un de vous perd son carnet il peut retrouver son solde sur le carnet du partenaire. Le centre comptable n’est plus nécessaire....
Et, conséquence totalement inattendue, s’il n’y a plus de centre, il n’y a plus de frontière. Chacun peut se promener partout avec son petit carnet. Il peut faire des échanges où qu'il soit et visualiser son solde en temps réel. Il n'a plus d’excuse pour avoir un solde en négatif, c'est à dire pour consommer plus qu'il ne produit, véritable plaie des SELs. Nous pourrons examiner cet aspect en détail si vous me postez des commentaires.
Cette nouvelle feuille, "façon fourmis" est présentée à la rencontre des Vans en été 97.
Un participant à cette rencontre passe aussitôt me voir à Vingrau. Nous passons l’après-midi à échanger quelques idées et à cueillir des amandes.
Quelques jours plus tard je reçois un carnet de mon amateur d’amandes (il souhaite garder l’anonymat). Les cases vierges de ma feuille sont ont été l'objet d'un relooking intégrées qu'elles sont maintenant dans les pages d’un carnet de format semblable à celui d’un livret d’épargne. Quel luxe!
Je pond un texte pour présenter l’ensemble de l’idée. Ma correctrice en orthographe a l’idée de nommer ce système. Elle prend son dictionnaire et trouve le sigle J.E.U., Jardin d’Echange Universel. Ça sonne bien et j’adopte le mot dans une présentation en 4 pages que j’envoie en janvier 98 à tous les SELs de France.
Quelques temps après je reçois la visite de Roland Carbone. Nous faisons ensemble une promenade sur les petits chemins qui déservent les vignes autour de Vingrau. Nous identifions au passage quelques plantes sauvages. Roland pointe du doigt “l’herbe des Chtrounfs”, la salspareille. Effectivement les jeunes pousses de salspareille qui poussent après la pluie, au printemps, sont tendres et délicieuses et font de bonnes soupes et de bonnes salades.
Un peu plus tard, Roland cré “La Route de stages”. C’est aussi un bon outil de rencontre universel

C’est aussi l’époque où nait un peu plus tard, la “Route des SELs”

Avec le JEU, c’est l’individu qui se retrouve au centre . J'expose cette idée à Ghislaine Lanctôt et le carnet qui va avec, au cours d’un de ses séminaires en France. Ghislaine est l’auteur de plusieurs livres et conférences dont le best-seller “La mafia médicale”. De retour au Québec, Ghislaine présente le JEU dans ses conférences et dans ses livres (Voir http://www.personocratia.com/). Un groupe JEU de quelques centaines de personnes, se forme au Québec (entre autres site: www.monjeu.net)

Le développement du JEU est assez silencieux. De nombreux utilisateurs de carnet se manifestent au hasard des rencontres ou des coups de téléphone, J’apprend que certains SELs se servent d’une “feuille de richesses”, ou d’un carnet, depuis plusieurs années....
Aujourd’hui, en Août 2008, avec Internet on a une vision de cette progression. On obtient 57900 réponses en tapant “Jardin d’Échange Universel” sur Google. Un grand merci à tous les Webmasters qui participent à la diffusion des idées du JEU. Le court article, mis en ligne en mars 2004, ainsi référencé: www.sel-terre.info/article_pdf.php3?id_article=132 , est toujours d’actualité. On peut aussi allez voir http://www.sel-terre.info/article.php3?id_article=9#top

Les moyens d’échange disponibles sont listés sur : http://sel.leforum.eu/t85-CR-activites-2006-atelier et vous pouvez également bien sûr consulter le blog que je tiens à cette adresse: http://www.monnaiesassociatives.blogspot.com/

A propos de blog, connaissez-vous un blog où l’on puisse intervenir clairement sur le sommaire pour avoir une vision panoramique des titres des articles et pas seulement des dates comme c’est le cas pour “blogspot” de GOOGLE. Merci pour votre attention et pour vos commentaires

vendredi 20 juin 2008

Citations extraites du site http://fragments-diffusion.chez-alice.fr/ de Janpier Dutrieux

Citations extraites du site http://fragments-diffusion.chez-alice.fr/ de Janpier Dutrieux

Correspondance : janpier.dutrieux@worldonline.fr



David Ricardo, Principes d’économie politique. « Dans le cas de la création monétaire l’avantage serait toujours pour ceux qui émettraient la monnaie de crédit ; et comme le gouvernement représente la nation, la nation aurait épargné l’impôt, si elle, et non la banque, avait fait elle-même l’émission de cette monnaie... Le public aurait un intérêt direct à ce que ce fût l’Etat, et non une compagnie de marchands ou de banquiers, qui fit cette émission ».

Abraham Lincoln « La puissance d'argent fait sa proie de la nation en temps de paix et conspire contre elle en temps d'adversité. Elle est plus despotique que la monarchie, plus insolente que l'autocratie, plus égoïste que la bureaucratie. (...) Les groupes financiers et industriels sont devenus tout puissants, il s'ensuivra une ère de corruption aux postes élevés et la puissance d'argent du pays cherchera à prolonger son règne en utilisant les préjugés du peuple jusqu'à ce que la fortune soit concentrée en un petit nombre de mains et la république détruite »

Clément Juglar (Les crises commerciales). « Qu’est-ce que le crédit, sinon le simple pouvoir d’acheter en échange d’une promesse de payer ? La fonction d’une banque ou d’un banquier est d’acheter des dettes avec des promesses à payer.... La pratique seule du crédit amène ainsi par l’abus qu’on est porté à en faire, aux crises commerciales.... Le crédit est le principal moteur, il donne l’impulsion ; c’est lui qui, par la signature d’un simple effet de commerce, d’une lettre de change, donne une puissance d’achat qui parait illimitée. »

Irving Fisher (100 % money). « Le fait de faire revivre maintenant l’ancien système de couverture intégrale des dépôts (...) empêcherait effectivement l’inflation et la déflation suscitées par notre système actuel, c’est-à-dire stopperait effectivement la création et la destruction irresponsables de monnaie par nos milliers de banques commerciales qui agissent aujourd’hui comme autant d’instituts privés d’émission (...).
L’essence du plan 100 % monnaie est de rendre la monnaie indépendante des prêts, c’est à dire de séparer le processus de création et de destruction de monnaie du prêt aux affaires »

Maurice Allais, Prix Nobel d’économie 1988 (La réforme monétaire 1976). « Le jugement éthique porté sur le mécanisme du crédit bancaire s'est profondément modifié au cours des siècles. (...) A l'origine, le principe du crédit reposait sur une couverture intégrale des dépôts. (...) Ce n'est que vers le XVII e siècle, avec l'apparition des billets de banque, que les banques abandonnèrent progressivement ce principe. Mais ce fut dans le plus grand secret et à l'insu du public » (...) «'En abandonnant au secteur bancaire le droit de créer de la monnaie, l'Etat s'est privé en moyenne d'un pouvoir d'achat annuel représentant environ 5,2 % du revenu national »

lundi 9 juin 2008

Une monnaie de secours , le Wir en Suisse

Né en 1934, le réseau Wir, compte 60 000 participants aujourd’hui en Suisse.
Extraits d’un texte de Pierre-François Besson publié en février 2005 dans Swissinfo,
(http://www.swissinfo.ch/fre/swissinfo.html?siteSect=105&sid=5526380)


Des nombreuses expériences de réseaux d’échange lancées dans les années trente, le système wir est sans doute l’unique survivant.

Le système wir est né au plus fort de la crise économique et monétaire des années trente. En 1934, devant la pénurie d’argent liquide, deux petits artisans zurichois mettent en place un système parallèle pour assurer la survie de leurs échanges.

Ces hommes s’inspirent de plusieurs penseurs. De la théorie de la privatisation de la monnaie de Friedrich Von Hayek et de celle de l’argent neutre de Silvio Gesell notamment. D’où, aujourd’hui encore, l’absence de rémunération sur les avoirs en wirs

Hervé Dubois, le porte-parole de la banque WIR met cette réussite sur le compte de sa licence bancaire. «Sans la possibilité d’octroyer des crédits, le système n’aurait pas survécu»

Un bon cinquième des petites et moyennes entreprises (PME) paient leurs fournisseurs, leur charges et leurs investissements en wirs. Au moins partiellement.

L’an dernier, le chiffre d’affaires cumulé réalisé en wirs uniquement a atteint l’équivalent de 1,7 milliard de francs. Une progression de 4,2%, après dix ans de décrue due à la mauvaise santé du secteur de la construction, poids lourd de cette économie originale.

Très concrètement, la galaxie wir est un système monétaire privé, travaillant en circuit fermé. Une sorte de troc amélioré où, au lieu d’échanger des produits ou des heures de travail, les PME utilisent une unité de compte ancrée au franc suisse.

Au sommet du système: la banque coopérative WIR, basée à Bâle et présente dans plusieurs villes du pays. Travaillant sous le contrôle de la Banque nationale suisse (BNS), cet établissement émet et gouverne l’argent wir, un peu à la manière d’une banque centrale.

Le carburant d’une économie

La banque WIR gère le trafic des paiements des participants au système. Pour ce service, elle empoche 1% maximum du montant de chaque transaction. Elle octroie également des crédits très bon marché en wirs. Le carburant de cette économie.

C’est en effet à travers ses crédits aux PME que la banque injecte les wirs échangés ensuite par les participants au système. Pour cela, elle a besoin de se couvrir en attirant les dépôts en francs suisses de nouveaux participants. (l'auteur de cet article, n'apporte ici aucune justification de cette affirmation qui me parait très contestable. Note de Daniel Fargeas)

«Ces dernières années, la banque WIR a mené une politique agressive d’acquisition de clients», constate Sergio Rossi, spécialiste de la théorie monétaire à l’Université de Fribourg.

«Sur le plan théorique, poursuit l’économiste, la banque WIR s’inscrit dans un fonctionnement courant. Plus elle aura de dépôts, plus elle pourra offrir de crédits à des taux intéressants.»

Une clientèle supplémentaire

«Je participe depuis 20 ans, indique Yvette Mettler, fleuriste à Lausanne. Le système m’apporte une clientèle supplémentaire qui se déplace, car elle a des wirs à dépenser.»

«Ce n’est pas nous qui cherchons le client, c’est le client qui nous cherche, reprend Ronald Steinhauer, agenceur de cuisines en Suisse romande. Mon objectif est marketing. Les wirs élargissent mon cercle de clients. Certains m’appellent de Suisse alémanique. Ils ne seraient jamais venus sans ce système. Je n’y vois que des avantages.»

Un trop plein d’unités Wir

Encore faut-il ne pas avoir la main trop lourde. Certaines PME se retrouvent en effet noyées sous les wirs dont elles ne savent comment se défaire. Elles optent alors parfois pour le marché noir du wir, où leurs chèques leur sont repris à vil prix.

«Ce marché noir est très néfaste, explique Hervé Dubois. Il rend plus difficile le contrôle de la masse monétaire du système. Nous excluons régulièrement des participants wir qu’on attrape à acheter ou à vendre des wirs.»


CONTEXTE

- Le système monétaire wir représente 1% de la masse monétaire (M1 – billets et monnaie en circulation) en francs suisses. Géré correctement, il n’a pas d‘impact sur la stabilité macroéconomique et financière en Suisse, estime l’économiste Sergio Rossi. (Voir lien en bas de l’artcle)

- L’inflation est par contre possible au sein même du système. Dans les années septante, une surabondance de wirs a poussé la banque WIR a augmenter ses taux, comme n’importe quelle banque centrale.

FAITS MARQUANTS

60'000 PME helvétiques participent au système monétaire parallèle wir.

Dont 3000 en Suisse romande.

En 2004, la banque a progressé de 12,1% à 9,5 millions de francs pour une somme du bilan en hausse de 17,9% à 2,81 milliards de francs.

Le chiffre d’affaires cumulé des participants wir a atteint l’équivalent de 1,7 milliards de francs.

Dont 58 millions en Suisse romande et moins encore au Tessin, deux régions d’implantation plus récentes du système.

Le secteur du bâtiment «pèse» un tiers de cette économie.

Plus de 800 millions de wirs (équivalent en francs suisses) sont en circulation.

LIENS
* La Banque WIR:
http://www.wir.ch/index.cfm?DC86BF333C1811D6B9950001020761E5&o_lang_id=8
* Sergio Rossi sur le site de l’Université de Fribourg:
http://www.unifr.ch/mapom/fr

samedi 7 juin 2008

Les unités d'échange, comment les introduire dans le réseau

Texte de Daniel Fargeas, initialement publié en 2002 sous le titre "Comment dynamiser les SELs et le J.E.U."


L’ Unité d’échange, un ticket de consommation universel pour un bien ou un service et pour une valeur déterminée. Un ticket de bus, par exemple, donne le droit de consommer du bus pendant une heure . Le ticket de bus n’a de valeur que si les bus roulent. Si les bus sont en grève, ou délabrés ou trop rares, ou les rues trop encombrées, il faut tout de même aller à pied et les tickets ne valent plus rien. L’unité, comme le ticket, n’a de valeur que s’il y a une richesse en face. Le ticket de bus donne l'usage d’une heure de bus et l’unité d'un réseau d'échange comme le J.E.U. donne l'usage d’une minute d’attention. Ca ne les empêche pas de perdre toute utilité et toute valeur si la richesse n’est pas au rendez-vous. Il y a donc une valeur affichée et une valeur réelle et fluctuante.
Faisons un zoom arrière, considérons le réseau dans son ensemble, vue d’avion. L’unité est l’ombre de la richesse. La monnaie nait d'un mécanisme de notre esprit. C'est une représentation symbolique.
Tout se passe comme si la somme des unités représentait la somme des richesses disponibles. En effet, l’unité perd sa valeur et les prix augmentent quand le nombre d’unité augmente face à une richesse qui stagne.
C'est ce qui se passe en ce moment: certaines valeurs boursières dégringolent, un climat de défiance s'installe. Des capitaux se réfugient sur d'autres marchés, d'autres secteurs de richesses comme le foncier, l'immobilier ou les denrées alimentaires. Ces richesses n'étant pas extensibles, les prix montent.
C'est ce qui se passe quand la richesse diminue face à une quantité d’unité stable. En temps de guerre, par exemple, la production diminue et la quantité de monnaie est la même qu'en temps de paix si les gouvernements n'ont pas la "bonne idée" de faire voter des crédits supplémentaires pour soutenir l'effort de guerre.....
Pour garder une valeur stable à cette unité de valeur, il faudrait gérer les unités en rapport avec la création des richesses. Nous devrons nous interroger sur la naissance et la mort des unités et des richesses.
Quand nous recevons des unités (on dit aussi un crédit), nous recevons un droit de consommer. Mais la valeur de ce crédit ne peut venir que d'une richesse apportée au réseau. Le ticket de bus tire sa valeur des bus en état de circuler. Une promesse n'apporte pas une caution suffisante, ce n'est qu'une richesse imaginaire, virtuelle (puisque ce mot est à la mode). Une unité de crédit ne tire sa valeur que de la richesse réellement injectée dans la communauté. Ce n'est pas une formule abstraite. C'est ainsi que ça se passe. Quand nous créons un crédit, il faut produire et injecter une richesse en même temps dans ce réseau.

Unités d’échange: comment les introduire dans le réseau, quelles modes
d’attribution ?

Quand les SELs de France , quand les partenaires du J.E.U. vont-il comprendre qu’il faut faire monter en même temps le niveau des unités avec le niveau de richesse? Voici quelques propositions adoptées dans des réseaux d'échange étrangers.

a) Une gratification individuelle appropriée: comme à Ithaca le réseau créé dans la ville du même nom par Paul Glover (http://www.ithacahours.com/french.html), on attribue des unités au partenaire qui s’engage à offrir un service de base essentiel à la vie du réseau. A Ithaca, 80% de la masse monétaire est ainsi injectée dans le réseau. Une liste des services essentiels à la communauté a été établie et l’équivalent de 100 de nos unités-minutes est attribué au nouvel inscrit s’il s’engage à maintenir le service de base qu’il a choisi sur une liste, pendant 8 mois.

b) Attribution d’unités sous forme de bourses offertes aux associations caritatives les plus efficaces au niveau régional. Cela permet de gratifier les nombreux bénévoles qui se sont dépensés sans compter au sein de ces associations pendant des années. A Ithaca, encore, 1/10 ème de la masse monétaire en circulation est attribué à des associations (sur présentation d’un dossier de candidature) C’est aussi une astucieuse façon d’accueillir dans le réseau des entités productives et déjà opérationnelles

c) Attribution d’unités sous forme de programmes de développement conçus avec les administrations en place: La quantité d’unités à distribuer, la quantité de biens à offrir, ou le volume des services demandés en échange sont planifiées en même temps et le tout est offert comme un paquet-cadeau à une université, une communauté urbaine, une caisse d’assurance vieillesse... Ainsi, les réseaux “Banques du Temps" ont été conçus par Edgar Cahn, pour être des outils de régénération du tissu social. Ils initient, par exemple, des programmes d’attribution d’unités à des étudiants qui participent à l’entretien d’un campus. Ces unités leur permettent ensuite de payer une partie de leur scolarité ou de se procurer un ordinateur. C’est une sorte de troc organisé au niveau d’un groupe.
Tous ces modes d’attribution a), b), c) , sont semblables sur un point: les unités sont injectées dans le réseau en même temps que les richesses.
Il n’y a que dans les SELs ou les LETS où l’on fait l’inverse: on injecte des unités (crédit) au moment ou quelqu’un entre en solde négatif, c’est à dire quand il consomme plus qu’il produit.

d) attribution automatique dans une situation de production automatique = Revenu d’existence
L'instauration du revenu d'existence, est un mode d’attribution d’unités proportionnel à la production automatique des machines mais ne convient pas pour un SEL. Ceux-ci ne sont pas encore dans une économie d'abondance. Nous ne disposons pas en effet des moyens de production et des machines qui permettent une production automatique et justifient un revenu automatique. Si l'on veut faire pénétrer l’idée du revenu d’existence, un crédit symbolique d'une unité par personne suffirait très bien à porter le message.

En résumé: injectons des unités dans le réseau, pour des richesses qui y sont apportées.
- par les bénévoles ou par des associations qui travaillent depuis des années sans aucune compensation,
- ou par ceux qui entrent dans le réseau en offrant un service ou un équipement de base qui va servir à construire la communauté. Par service de base, j'entends tout ce qui a rapport avec la vie, l’éducation des enfants, l'habitat, la santé, la sécurité de base, l'alimentation de base.

Ne créons pas d'unité si aucune richesse n'a été créée ou en voie d'être créée. Car c'est cette richesse qui donne une valeur à ces unités.

Et quand une personne handicapée ne peut fournir aucune richesse, que faites-vous?

C''est une question de mon ami Pierre qui travaille dans un CAT (Centre d'Aide par le Travail). C'est la question de la solidarité. On ne laisse pas les blessés de la vie mourir tout seuls dans un coin. On se serre un peu, on partage, tant qu'il y a quelque chose à partager. C'est un raison de plus pour bien gérer notre réseau.


La destruction des unités doit suivre la mort des richesses

Quand des richesses sont consommées (donc détruites) ou usées (un chapiteau pour des rencontres) ou périmées (un bulletin périodique), il parait logique de retirer les unités du circuit. Il faut pour cela demander une contribution en unités pour rembourser et annuler le crédit injecté dans le réseau par l'élaboration de ce produit. Pour qu'un réseau reste stable, il faut qu'à richesses égales, la quantité d'unités reste égale.

Exemple : La gestion en unités SEL d’une rencontre Intersel.
La solution, pour une telle rencontre, consiste à faire un prêt en unités à l’organisateur de la rencontre (c’est un débit, un découvert, mais à très court terme. Inscrivons donc sur une ardoise, à titre de prêt, 40.000 unités (pour donner un ordre de grandeur) au nom du SEL local chargé de l'organisation de cette rencontre. Cette somme permet de régler les achats possibles en unités. La participation en francs destinée à compenser les dépenses en francs incompressibles est perçue en même temps que la participation en unités (250 personnes en moyenne par jour pour 4 jours, et un budget de 40 000 unités, ça donne un droit d'entrée de 40 unités de SEL ou de J.E.U. par personne et par jour). On calcule large de telle sorte que tout le prêt soit remboursé. Le surplus va au SEL local qui l’a bien mérité. Ensuite on passe un coup d’éponge sur l’ardoise. Ca peut faire l’objet d’une petite cérémonie festive. Et tout le monde applaudi.
On peut préférer gérer toute l'opération en francs, et demander aux collaborateurs de travailler à titre bénévole. Ca évite de se pencher sur le problème, mais ça montre qu'on n'est pas encore prêt à remplacer les financiers et les banquiers qui ont pourtant un système beaucoup plus complexe à gérer avec ses amples mouvements de capitaux induits par les fluctuations des valeurs boursières et spéculatives.

Exemple de gestion du bulletin périodique de liaison du réseau SEL 66

Le Réseau SEL 66 offrait, de 1995 à 2000, à ses collaborateurs, une unité par minute de travail accomplie pour le réseau. L'élaboration du bulletin mensuel, par exemple, demandait 200 à 300 unités par mois. Et chaque mois il fallait recommencer, bien sûr... La quantité d'unités augmentait donc régulièrement pour une quantité de richesse stable (un bulletin annule et remplace le suivant) . Le bulletin étant tiré à 300 exemplaires, il eut fallut demander une contribution de 1 unité par exemplaire en plus de la contribution en francs de l'époque pour couvrir les frais de photocopie. Nous n'y avons jamais pensé.

jeudi 5 juin 2008

L'argent associatif, faites-le vous même en abondance


Texte de Daniel Fargeas, initialement présenté en juillet 1994



Résumé Avec une comptabilité, on garde une trace de l’échange, la réciprocité immédiate n’est plus nécessaire comme dans le troc.Il y a création d’une “monnaie comptable associative”. Nos accords chiffrés deviennent de la monnaie. La magie d’une comptabilité peut assurer la prospérité de n'importe quel groupe.


Le renouveau du troc est intéressant, car dans un troc ou les pôles de l'échange s'étalent dans le temps, nous voyons une monnaie pointer le nez. En effet quand la simultanéité de l’échange disparait, il y a un compte, un souvenir, une promesse en mémoire, une parole à tenir.
Vous pouvez m’offrir un panier de cerises cueillies en juin. En échange je vous donnerai une journée d’accueil en août. Vous pouvez me donner 15 journées de vendangeur, et je vous offre 5 mois d’occupation d’une maison dans le village (accord encore en usage dans le village de Vingrau des années 60 ). Si nous écrivons cette promesse de 15 journées de travail sur un petit bout de papier ou dans notre mémoire, je pourrais à mon tour donner ce petit bout de papier ou communiquer cet accord à une troisième personne à titre de paiement. Vous irez vendanger chez cette troisième personne. Notre accord est devenu une monnaie.

L’argent, dit “oui” et “combien”. La monnaie est un accord chiffré.
Nous comencons à créer de l’argent, des unités de valeur, sans nous en apercevoir, dès que nous passons un accord : l’un fait la vaisselle tandis que l’autre conduit les enfants à l’école... Il y a à peu près la même quantité d’enfants pour la même quantité d’assiettes. L’accord est quantifié d’une façon tacite. l’argent nait à chaque pas, à chaque geste que nous coordonnons avec l’autre, qu’il soit ma femme ou mon voisin. Cet accord, on l’appel Troc et pourtant c’est le début d’une comptabilité sans crayon, la trace de nos accords est conservée en mémoire, nous n’avons qu’une parole ! Les grands financiers chinois de Hong Kong brassent des milliards ainsi depuis toujours, les yeux dans les yeux. On peut se dire oui avec un signe de tête, un sourire, un soupir, une poignée de main ou en dormant ensemble dans un grand lit carré. Mais on commence à créer de l’argent quand nous disons oui avec nos décisions et nos actions coordonnées et que les richesses ainsi échangées commencent à être quantifiées. Les chiffres gardés en mémoire dans une tête, sur un papier monnaie, sur une rondelle de métal, ou sur une puce de carte magnétique, viennent concrétiser cet accord tacite ou conscient. Si nous pouvions nous dire "Oui" plus souvent dans nos échanges locaux nous serions moins dépendants des signes monétaires internationaux et des décisions ruineuses (pour nous, pas pour eux ) des financiers de New York, de Berlin ou de Tokio. En dehors du cercle amical ou familial une monnaie plus largement acceptée devient nécessaire et permet de concentrer, de disposer, de convertir, sur un point précis, des hommes, des machines, des marchandises, des services. La monnaie permet à une communauté de respirer, de prendre des décisions, de concrétiser des choix, de faire de grands travaux. Les gens ne se connaissent plus, ne parlent peut-être pas la même langue mais ils ont confiance en un signe commun, la monnaie. Aujourd’hui les hommes n’ont plus confiance entre eux mais ils gardent leur confiance pour des signes qui ont étés fabriqués par des étrangers, par une caste de financiers. Les hommes se font saigner jusqu’à la dernière goutte pour n’avoir pas su communiquer. Ils ont laissé s’introduire entre eux la méfiance. Je connais un excellent spécialiste de la communication, et très bon poète, qui a équipé sa villa d’un système sophistiqué de surveillance. Quand serons nous assez conscients de ces processus pour que personne ne puisse nous empêcher de prendre les décisions élémentaires qui pourraient améliorer notre vie? Laisserons nous encore longtemps étouffer notre action dans la peur, dans la palabre stérile ou dans la passive consommation des loisirs de masse? Personne ne peut nous empêcher de quantifier nos décisions afin d’inclure un nombre toujours plus grand d’acteurs, notre seul ennemi semble être notre manque de discernement ou de clarté ou nos fuites énergétiques. Désigner un bouc émissaire est peut-être agréable mais on va voir plus loin où ça nous mène. Prenons plutôt la responsabilité de notre situation.
Une comptabilité semble nécessaire comme toutes les comptabilités pour que les couts des produits soient répercutés tout au long du fleuve production-consommation. Cette quantification permet d’éclairer nos décisions, de les faire coller à la réalité de la production. En mettant des chiffres sur des produits ou des services nous pouvons dire à l’autre l’effort, le temps, la peine, l’amour peut-être, que nous y avons mis (et ce que nous avons consommé pendant ce temps). Puisque nous savons prendre des décisions et puisque nous savons compter, associons-nous et tenons nous-même les comptabilités correspondantes à nos échanges. A-t-on encore besoin de quelqu’un pour nous tenir le crayon. Dans quelle étrange passivité sommes nous tombés pour attendre que les financiers internationaux fassent le travail à notre place. Ils ne vont pas nous dire: “Vous pouvez le faire vous-même, gardez la comptabilité de vos accords, c’est de l’or...” Ne sommes nous pas un peu naïfs? Ces financiers et leurs amis se tuent au travail et d’infarctus pour gérer leurs affaires. Comment auraient-ils encore un peu de temps, de sensibilité, d’attention ou d’amour pour s’occuper des autres hommes et de la nature en plus! Les banquiers ont mis des siècles pour prendre le contrôle de la monnaie en une lente mondialisation des échanges . Les guerres nous le verrons plus loin n’en sont que les anecdotes.

Comment commencer ??

Peut-être pourrons nous commencer à créer des accords chiffrés pour jouer et nous exercer. Deux personnes suffisent. Nous pouvons commencer à l’intérieur d’un groupe d’amis ou du cercle familial. Nous jouons, n’est-ce pas, comme dans un jeu de rôle. Chacun tient le compte sur un bout de carton, de sa contribution à l’économie de la maison. Ou bien on peut essayer de faire circuler des promesses écrites sur des petits bouts de papier et voir ce que ça donne. Les comptes individuels sont relevés sur un registre ou sur un ordinateur en fin de journée ou de semaine pour représenter le mouvement global de nos échanges. Les chiffres gardent le souvenir de ces transactions. Nos échanges n’ont plus besoin d’être simultanés comme dans le troc. Nous venons ainsi de créer de la monnaie comptable à l’échelle familiale. Rien ne nous empèche dans un deuxième temps de créditer régulièrement et également le compte de chacun de 10, 100 ou 1000 unités pour mettre de l’huile dans le système, pour que la quantité de signes disponibles soit toujours en rapport avec l’accroissement de la richesse et des échanges au sein de la communauté, ou simplement pour voir ce que ça donne...

Voilà, tout est dit ou presque. Complétons par quelques réflexions théoriques ou pratiques, et la liste de documents et adresses.

Sans richesses, sans biens, sans production, l’argent n’a pas de valeur

Un ticket de bus ( droit de consommer du bus pendant une heure) n’a plus de valeur s’il n’y a plus de bus. Ce qui a de la valeur c’est le bus et le service qu’il peut offrir. Vous pouvez chercher d’autres exemples avec vos enfants: amusement garantit. Des tickets de bus, on peut en imprimer autant que le permet la capacité et la fréquence des bus. Alors pourquoi voit-on une région, un pays, le monde entier, s’arrêter par manque de signes, par manque d’argent, alors que la production déborde de partout? Pourquoi nos dirigeants ne créent-ils pas assez de signes, assez d’unités pour que toute cette production s’écoule. Sont-ils vraiment responsables du bien public? Créer de la monnaie comptable est encore plus simple que d’imprimer des tickets de bus. Les bus s’arrêtent-ils par manque de tickets?
Plusieurs monnaies et comptabilités, peuvent coexister. Pourquoi n’y a-t-il qu’une seule monnaie aujourd’hui: La monnaie officielle créée au compte-goutte? Qui est-ce que ça arrange quand la plupart des hommes souffrent du manque d’argent? Nous pouvons très bien imaginer une monnaie convertible au niveau planétaire telle que celle que nous utilisons aujourd’hui et utiliser au niveau local, une monnaie comptable associative pour les besoins de notre petit groupe familial ou régional. L’écu circule bien au niveau financier tandis que nous utilisons des francs ou des marks. Que nous soyons dix ou mille personnes, c’est le même défit, faire tourner entre nous des unités comptables.

Si l’argent est rare, c’est pas par hasard....

L’argent international actuel est équipé de toutes sortes de mécanismes de régulation. L’argent acquière une plus grande valeur grâce à sa rareté soigneusement entretenue. Ce qui est rare est cher. Le loyer de l’argent est soigneusement calculé dans les grandes places financières internationales de telle sorte que les profits des possesseurs d’argent soient optimisés. Trop d’argent; son taux d’intérêt tombe immédiatement puisque tout le monde en a. Les profits liés aux prêts et à la circulation de l’argent diminuent. Pas assez d’argent ; tous les échanges économiques mondiaux sont paralysés et l’argent perd de sa valeur puisque celle-ci vient d’une économie prospère (le ticket de bus n’a plus de valeur, s’il n’y a plus de bus). Il faut donc étouffer l’économie mondiale un tout petit peu, mais pas trop. De tant en temps il faut désserer l’étreinte pour permettre au monde de reprendre son souffle. Ainsi les spéculations peuvent reprendre de plus bel. Les flux monétaires internationaux correspondants à des échanges réels de biens et services, sont 20 à 30 fois inférieurs aux flux correspondants à de simples mouvements spéculatifs boursiers ( c’est dans le livre de géographie du baccalauréat). Les signes monétaires consacrés à fluidifier les échanges sont proportionnellement de moins en moins importants. Les intérêts retirent de la circulation plus d’argent qu’il n’en a été injecté au moment du prêt. L‘argent devient plus rare encore. Les impôts, les emprunts publics retirent aussi de l’argent de la circulation. Il y a d’autres exemples dans l’histoire d’hier et d’aujourd’hui de rackets célèbres associés à la rareté. On stock, on verrouille et on fait payer! L’impôt sur le sel, les taxes sur la circulation, les octrois...Là aussi vous pouvez trouver avec vos enfants d’autres exemples de rareté naturelle ou organisée. Voici un exemple de rareté naturelle. Quand le gel détruit la production de salades dans les jardins familiaux, les prix montent au marché et les maraichers qui savent faire des couches chaudes sont contents. En pleine production le prix des tomates tombe à zéro... Etc...

L’argent rare, est un outil de corruption
La rareté fait un argent cher et puissant. Toutes les énergies ou presque peuvent être achetées. La plus part des hommes recherchent les activités les plus lucratives. La plupart des femmes recherchent les hommes qui leur assurent prestige personnel et sécurité pour élever leurs enfants. Le prix de la sécurité même devient plus élevé. La compétition devient plus féroce. Le profit immédiat passe avant toute autre considération d’ordre social, humanitaire ou écologique. Cette pression permanente engendre des décisions erronées à tous les niveaux et suffit à expliquer la pagaille du monde actuel.

L’argent abondant permet de diriger la production

D’après C.H. Douglas les consommateurs munis d’un pouvoir d’achat, exerceraient un droit de vote sur la production. Un marché libre et fluide, avec assez d’argent en circulation, reflèterait le désir des consommateurs et la production suivrait fidèlement. Toutes les procédures telles que réajustements, reconversions, assainissement du marché, quotas, ne sont nécessaires que sur des marchés bloqués qui ont perdu leur souplesse par manque d’argent (parce que l’argent est plus profitable ailleurs). Voilà des économies de personnel en perspective dans certaines administrations.

Les richesses du monde appartiennent à tous

Depuis des siècles, les sociétés humaines, les civilisations, le progrès technique, les lois, permettent de dégager de la joie de vivre avec ou sans exploitation des richesses naturelles et de l’énergie de la planète. Ces hommes sont morts et nous sommes leurs héritiers, co-propriétaires de cette richesse collective immense. La part de la machine (fruit du progrès collectif) dans la production est de plus en plus grande. Nos revenus par notre participation personnelle, par le travail, diminuent de plus en plus inévitablement. Nos revenus de co-propriétaires, de capitaliste planétaire doivent donc augmenter par la distribution de dividendes. C’est ce qui se passe du reste, encore modestement sous forme d’allocations sociales de toutes sortes. Ainsi l’aide gouvernementale apportée à l’agriculture française en 1992 atteint 3500 F par mois et par personne. 3500 F par mois pour produire moins, pour arracher la vigne, pour mettre les terres en jachère... Alors pourquoi répéter que nous avons tous le droit au travailler. A l’ époque biblique, peut-être. Mais aujourd’hui avec toutes ces machines qui travaillent pour nous ( et en supprimant le gaspillage qui résulte de la compétition ) nous pourrions ne travailler que deux heures par jour (lire “Travailler deux heures par jour” de Adret, édité par Points-Seuil , Paris 1977.)

Le crédit social ou revenu d’existence... (Concept initié pour la première fois par D.H. Douglas vers 1920)
... est un crédit injecté régulièrement, et également sur le compte-crédit de chacun sous la forme de simples chiffres. Cela peut se faire d’une façon électronique et automatique. C’est un crédit inconditionnel accordé à chacun de sa naissance à sa mort. C’est son dividende de “capitaliste planétaire”, de cohéritier de la planète-terre. A production de plus en plus automatique, il nous faut un revenu, un pouvoir d'achat de plus en plus automatique. Feindre de demander du travail pour tous et restreindre la production par des cotas est complètement contradictoire mais on peut comprendre comment on en est venu là. Les gens qui sont parvenus au pouvoir, qui façonnent l’opinion, qui sont les locomotives et portent les valeurs de notre société, sont pris dans une telle course au profit, dans une telle boulimie, dans un tel élan, qu’ils sont sincèrement persuadés qu’il faut beaucoup travailler pour gagner de l’argent et une place au soleil. Ils y sont parvenus en chérissant ces valeurs, de père en fils. On peut comprendre que dans un élan de compassion à notre égard, ils aient envie de nous faire partager le secret de leur réussite. Ils se tuent au travail, il veulent que nous en fassions autant. Combattre et s’activer est leur jeu et leur raison d’être depuis 10.000 ans. Les machines ne sont apparues que depuis 100 ans. Les valeurs d’hier ne sont plus adaptées à la situation d’aujourd’hui. Nous sommes tous égaux dans le partage de notre héritage universel comme nous sommes égaux devant la Loi.

Les banquiers ont tendance à penser
que l’argent leur appartient (que feriez-vous à leur place? Avez-vous laissé tomber ces valeurs associées à la compétition et au profit? Forts de cette conviction, et de notre passivité , ls demandent des intérêts forts élevés pour leur soi-disant propriété. Ils prennent des décisions en fonction du seul profit immédiat du système financier qui les porte. Ils se trompent simplement d’échelle. Le système qu’ils devraient servir est la société toute entière pas seulement la corporation des comptables. Par les prêts accordés aux entreprises les plus capables de rembourser des intérêts élevés, les banquiers MONOPOLISENT et créent de toute pièce la totalité de l’argent du monde. Abus de pouvoir et de bien public à un niveau planétaire, issu de privilèges chèrement gagnés.

L’imposture bancaire, une habitude moyenâgeuse

Texte de Daniel Fargeas, initialement présenté en juillet 94 sur un tract titré "Faites l'argent vous-même en abondance"

Autrefois les princes pour faire la guerre, ignorants, comme nous aujourd’hui, des mécanismes économiques et monétaires, au lieu d’émettre eux-même les signes nécessaires pour concentrer, en une armée, en un point précis, les quelques richesses éparpillées du royaume, empruntaient de fortes sommes auprès des banquiers contre de forts intérêts et privilèges. Les banquiers naissaient au sein de groupes religieux, résistaient à l’oppression des armes et prenaient leur revanche. Ces privilèges des banquiers d’hier ce sont concentrés dans les mains des financiers d’aujourd’hui. Les gouvernements empruntent des sommes énormes auprès des banques pour faire la guerre au voisin. Il est très intéressant pour un financier qu’il y ait beaucoup de voisins pour se faire la guerre mutuellement. Ces emprunts peuvent financer également de grands travaux publics et constituent la dette publique ou dette nationale. Les gouvernements continuent comme au moyen-âge à lever des impôts et taxes, directs ou indirects ou à vendre les biens publics pour rembourser cette dette si immense que seuls les intérêts peuvent être remboursés.La propriété privée de cet argent n’est encore contestée que par Douglas en 1920 (http://www.michaeljournal.org/finsain3.htm). Les "Pélerins de St Michel" (http://www.michaeljournal.org/), ont pris le relais . Ils éditent un journal édifiant "Vers Demain" et dénoncent le racket des banques et du F.M.I. (Fond Monétaire International ) C’est un racket organisé aux niveaux nationaux et planétaires pour préserver le monopole bancaire de création de la monnaie. Les décideurs, représentants du peuple, pourraient très bien décider d’émettre les crédits, les signes de paiement, les symboles monétaires nécessaires à la bonne marche du pays, (certains l’ont fait comme Lincoln et Kennedy, mais la plus part préfèrent entretenir l’idée ( c’est plus sûr ) que l’argent ne peut se trouver qu'auprès des banques ou dans la poche des contribuables. Ces mécanismes économiques et monétaires sont pourtant bien connus d’un grand nombre d’hommes éclairés. Mais la conscience sur la nature symbolique de l'argent, est si opaque que les vérités ont du mal à passer ? Lincoln et Kennedy qui ont méprisés les prêts usuraires des banquiers de leur temps pour imprimer leur propre monnaie d'état, comme le permet la constitution américaine, furent plus tard assassinés. Y a-t-il un rapport?

Un mystère plane sur la création de l’argent...
Les responsabilités sont extrêmement diluées. Beaucoup de petits épargnants, de petits porteurs profitent de ces jeux financiers. Les travailleurs dans les usines d’armement ne peuvent s’offrir le luxe d’avoir des scrupules, ils ont des enfants à nourrir. Les classes dirigeantes dans les pays pauvres, comme tout le monde, ont un égo à nourrir. Les pères et mères de ces pays sont si misérables qu’ils abandonnent leurs enfants, ceux -ci pourchassés par la police vont roder dans les égouts des villes...

Après la misère, vient la guerre...

Teste de Daniel Fargeas, initialement présenté en tract en juillet 1994 sous le titre "L'argent associatif, faites-le vous même."

La vente des armes a beaucoup d’avantages. Ici, la guerre ça fait monter l’audimat. La guerre ça relance tout de suite l’activité industrielle et boursière, ça relance la croissance. La guerre, ça fait plus propre que la misère noire qui se développe comme ça sans raison...
La guerre c’est simple.... Ca n’a pas besoin d’explication. Et quand le voisin vous envoi des obus sur la tête vous n’avez pas trop le temps de penser à autre chose. Le voisin devient le bouc émissaire. Le sentiment d’identité si gravement menacé par cette misère se reconstitue un peu dans la haine. Quand cette colère est organisée et approvisionnée en armes, on obtient une guerre. Des peuples amis depuis une éternité, en viennent tout à coup à s’entretuer. Le troisième larron est toujours là, derrière, à entretenir la querelle. Mais les commentateurs de télé n’en parlent pas. Les représentants de la haute banque et de l’industrie vont visiter ces peuples en colère bien avant la manifestation des conflits. Ils échangent des armes contre des marchandises, des promesses et des privilèges. Ces gens déjà affamés ont le droit de consommer gratuitement les obus qu’on leur balance sur la tête. C’est ainsi qu’on leur sert leurs dividendes de co-propriétaires planétaires. Le froid, la sècheresse , la maladie terminent le travail. Ces pays déjà pauvres retournent à l’âge de pierre. Les nouveaux financiers, investisseurs et reconstructeurs sont accueillis comme des dieux salvateurs avec quelques concessions supplémentaires. Les cours en bourse continuent à monter et les usines redémarrent dans les pays “civilisés...”
Ce n’est finalement pas très propre ces histoires d’argent. Il vaut mieux laisser aux spécialistes le soin d’en parler. Ils nous tartinent des explications savantes et incompréhensibles et nous épargnent des remords. Pendant ce temps-là des millions d’êtres meurent de guerre, de faim ou de froid d’un côté de la terre tandis que de l’autre côté on freine la “surproduction “ comme si tout le monde était bien pourvu.
Le système financier actuel tire sa force de sa cohésion, de son immense logique, la logique du profit immédiat. Chacun est d’accord sur le résultat d’une addition, surtout s’il est actionnaire et surtout s’il ne prend pas en compte les couts en misère humaine, en destruction de la nature, en rétrécissement de notre cadre de vie, en pillage des ressources planétaire, de nos identités culturelles. Les gens du “système” sont en compétition intense mais se marient entre eux. Ils sont d’accord sur les mêmes valeurs, les mêmes symboles, les mêmes croyances. Ils réussissent même à nous les faire adopter! Le système reste cohérent et les additions continuent à s’additionner..

QUE FAIRE?

Texte de Daniel Fargeas initialement présenté sous forme d'un tract en juillet 94 sous le titre "L'argent associatif comptable, faite-le vous même."

Cessons de véhiculer des pensées fausses sur l’argent. Approfondissons et vivons ces notions. Que nous vivions seuls, en couple ou en groupe, il est possible de participer en permanence à la monté de symboles, de significations différentes. Oui, c' est possible d'être un peu plus conscient de cette élaboration permanente. Tel échange, tel coup de téléphone, tel regard que nous offrons, tel achat correspond-t-il à un nouvel ordre plus juste et plus humain. C’est pourtant vers cette clarté, cette certitude que nous devons nous diriger si nous ne voulons pas nous faire les complices du triste bazar dans lequel nous vivons. Notre indignation, notre sens de la justice, notre compassion peuvent nous venir en aide. Quelques idées, puis une multitudes d’actes quotidiens, simples, plus justes et vécus ensemble affermiront cette conscience nouvelle. Les projecteurs et les caméras des télévisions du monde entier sont aujourd’hui braqués sur les dirigeants. Ceux-ci, pris en sandwich entre une opinion publique mature et la maffia financière, ne pourront plus dire des âneries quand nous-même auront mis plus de clarté dans nos têtes et dans nos actions et transactions. Peut-être ces Pères Noël deviendront-ils un jour nos nouveaux “incorruptibles”, ces symboles de justice que nous nous aimons voir le soir, à la télé. Leurs représentations ne nous lassent jamais. C’est toujours le bon qui finit par triompher. Ca fait oublier les bébés qui crèvent à l’autre bout du monde dans les bras de mères affamées, ça nous apaise. Nous dormons heureux. Et si ça ne suffit pas les tranquillisants sont là pour ça.

Chaque monnaie peut devenir le symbole de l’identité d’un groupe
qui se reprend en main et s’organise face à la consommation de masse, de signes ou d’objets. Chacun a besoin de s’associer à une tribu, un clan, une famille culturelle et se sentir bien au chaud au milieu de ses croyances, de ses valeurs, de ses signes. Pour chaque groupe les signes seront différents mais la démarche est la même.: protection mutuelle et gratification mutuelle dans ce partage de signes et symboles semblables. Personne, n’échappe à ce besoin de chaleur et de gratification par le regard approbateur du compagnon ou du voisin. C’est aussi le même mécanisme dans un couple: gratification mutuelle (quand l’autre regarde ailleurs, évidemment ça fait mal et quelque-fois ça rend méchant, mais c’est une autre histoire).
L’argent, c‘est le signe de la sécurité bien sûr. Sécurité physique mais aussi relationnelle, c’est l’antidote pour le doute ... La recherche du toujours plus d’argent ressemble beaucoup à l’attitude du séducteur. C’est le besoin permanent de se narcissiser, de se sentir un peu mieux dans sa peau. C’est ce qui pousse l’homme à se battre pour recueillir ce signe universel de puissance qu’est l’argent mondial universel des financiers internationaux. Question : la satisfaction narcissique recueillie auprès d’un groupe restreint équipé d’une monnaie bien à lui, pourrait-elle faire pâlir l’attrait de la monnaie universelle? A quand une monnaie basque associative, ou catalane, ou marseillaise, ou la monnaie des footballeurs en retraite, ou celle des anciens élèves de..., ou la monnaie catholique ou musulmane ou kurde ???

lundi 2 juin 2008

La fraude est-elle possible avec le carnet du J.E.U. ? (Jardin d’Échange Universel)

Texte de Daniel Fargeas, 66600 Vingrau, Juin 08, tél. 04 68 29 40 89
ou daniel.fargeas@no-log.org

La fraude consiste à s’attribuer un bénéfice sans rien offrir en échange. La communauté s’appauvrit d’une consommation et ne s’enrichit pas d’une nouvelle production. Ceux qui s’attribuent des unités dans ces conditions se font donc entretenir par la communauté, comme des enfants mal éduqués ou des parasites.

La fraude ne lèse pas un individu en particulier mais seulement la communauté dans son ensemble. Pour être sensible , le phénomène doit se déployer massivement, sur un temps assez long et tromper la vigilance de la plupart des partenaires honnêtes. l est assez peu probable que ces conditions soit réunies dans le JEU avec son carnet de compte individuel si révélateur de l’état d’esprit de son porteur.

Il n’est pas simple de frauder avec de fausses écritures sur un faux carnet. Le fraudeur devra-t-il inscrire fréquemment de fausses petites écritures ou devra-t-il inscrire une grosse somme au risque d’attirer le regard? Surtout s’il sait que le carnet est un document public.
I En effet, l’expérience montre que la négligance et la désinvolture dans les inscriptions sur le carnet, sont plus à craindre que la fraude délibérée.

- Il y a pas de sécurité absolue dans une comptabilité, que le contrôle soit exercé par une comptabilité centrale classique avec registre et lignes de compte. Les “erreurs” sont toujours possibles. Surtout dans les associations naissantes où l’on est bien content d’accueillir le premier candidat qui se propose pour le poste. Dans l’histoire des réseaux SEL et LETS, j’ai même rencontré deux cas ou le comptable était devenu fou (voir note en bas de l’article)..

C’est surtout la peur, l’image du fraudeur que nous avons dans la tête . Cette peur nous fait plus de mal que les fraudeurs eux-mêmes. Cette peur freine notre élan et pénalise la communauté toute entière par des mesures de contrôle et de sécurité plus couteuses que la fraude elle-même..

“La fraude”. C’est même le premier argument que l’on présente à propos du carnet du JEU. J’ai toujours le souvenir du premier objecteur qui me dit vers 1995 : “Que feras-tu des faux carnets?” Je suis allé récemment chez lui en 2007. A l’entrée de sa propriété, on tombe sur le panneau portant l’inscription: “Attention, pièges”.

La fraude délibérée devrait être plus rare avec le JEU qui organise l’abondance, contrairement au système monétaire international qui organise la pénurie pour que la monnaie soit chère .
Un système qui curieusement emploi le même argument que les mafias qui nous proposent leur protection contre les fraudeurs ....
- Si une anomalie est détectée par un partenaire, celui-ci peut choisir d’éclaircir immédiatement la situation et poser des questions à la personne concernée. Si le doute subsiste ce partenaire est sans doute tenté d’éclaircir la question avec un tiers. Ainsi un groupe de personnes concernées par la bonne marche du système nait spontanément. Un groupe informel va vivre dans la concertation. Ce sera peut-être l’occasion de faire un bon repas ou de rencontrer de nouveaux amis.
- S’il y a véritablement fraude, je pense qu’ il suffit que la lumière soit portée sur les faits pour que les auteurs se retirent de la scène sur la pointe des pieds.

D’autres mesures semblent également possibles.
- Déclarer le carnet: “document public” que chacun peut consulter ou même photocopier.
- Porter sous les projecteurs sur un mode festif à l’occasion de marchés, bourses ou chantiers, les échanges intéressants, pittoresques ou pouvant figurer dans le “livre des records”. Les partenaires seraient alors invités à monter sur l’estrade pour développer devant tous les participants les péripéties, les difficultés et les joies de leur aventure...
- Des vérificateurs de carnet peuvent exercer des vérifications ponctuelles au moment des bourses et marchés et invitent inviter gentiment les négligants à remplir leurs carnets avec un peu moins de désinvolture.
- Les partenaires peuvent aussi s’inviter à plus de rigueur dans la tenue de leur comptes , au moment de l’inscription qui conclu l’échange .

- Les transferts de solde de l’ancien carnet sur le nouveau. peuvent être validés par un “parrain” ou “témoin”

- On peut faire signer, sur le carnet lui même, un engagement à n’utiliser simultanément qu’un seul livret et faire authentifier les livrets par un même “parrain”. Celui-ci pourrait conseiller, stimuler les nouveaux venus, les aider à rédiger ses offres, demandes, projets , rêves...
- Récupérer les carnets, une fois par an, lors de grands rassemblements et vérifier les écritures. L’inscription de la date de l’échange et du solde après transaction sur le livret de l’autre partenaire peut permettre de faire des comparaisons entre le partenaires
- Numéroter les pages du carnet pour éviter la substitution d’une page portant un débit important par une page vierge.

Le jeu (de la fraude) en vaut-il vraiment la chandelle? Le risque étant l’auto-exclusion du fait de se sentir honteux d’être surpris en train de parasiter un groupe alors que ce groupe est tout disposé à faire un effort de solidarité pour tous ceux qui sont en difficulté..

Le “Carnet du JEU” (que j’ai “lancé sur le marché” en 98) est un outil de liberté à plusieurs niveaux. Si la peur de l’autre est nécessaire à notre équilibre ou à notre identité, conservons cette peur, participons à un SEL bien carré où toutes les lignes de compte sont parfaitement traçables. Si nous avons envie d’explorer d’autres voies et de nous offrir des vacances (au propre comme au figuré), offrons nous un carnet (et même voyageons avec). Emportons la liste des partenaires du JEU que j’édite et qui comporte 2000 annonces (soit 180 pages env.) pour la France, en 2008). Je suis persuadé que ce carnet du JEU va dans le sens de l’évolution. Ce sont les individus qui créent l'argent.

En résumé:
La richesse et ses symboles monétaires appartiennent aux personnes et au groupe. L’échange est fondé sur notre faculté d’établir des accords. Mais pas seulement. Notre désir de nous rencontrer, nos rêves, notre amour sont des moteurs de la rencontre... A chaque désir, à chaque rêve , à chaque accord, les partenaires sont co-créateurs des richesses échangées. La prise de conscience du caractère créateur de nos désirs, de nos rêves, de nos accords, nous donne l’énergie d’affirmer notre souveraineté sur la création des unités de valeur qui correspondent à ces richesses. Nous revendiquons donc le droit d’échanger librement et inconditionnellement, comme un droit de l’homme, un droit de naissance, un droit lié à notre condition humaine. Il n’est pas nécessaire d’acheter un droit que nous possédons déjà par une adhésion ou toutes autres conditions (comme l’acquisition d’un gros tas d’or). Une instance comptable extérieure n’est plus nécessaire.
Former un groupe de personnes est aussi une richesse. Ces personnes par leurs différences , leurs complémentarités et leurs échanges, vont créer et partager cette richesse , et vont cristalliser leur identité par des signes culturels et monétaires.

Note: Comptable fou
Il était une fois, un comptable (le premier du SEL 66). A l’époque (en 1994), quand une feuille de compte personnelle était pleine, son propriétaire l’expédiait par la poste au comptable qui devait la retranscrire sur le livre de compte de l’association. Ce comptable recevait ces feuilles de compte à l’adresse de sa boite postale personnelle . Il avait beaucoup de peine à mettre de l’ordre dans ses papiers. Il n’arrivait pas à nous donner les comptes. Les feuilles voltigeaient, éparses, sur la plage arrière et les sièges de sa voiture... Les membres du C.A. (comité d'administration) consternés se sont concertés. Ils ont demandé au comptable de rendre les feuilles. Brimé dans ses ambitions de créateur de SEL, le héros de cette histoire a refusé pendant des mois de transmettre les documents, puis a déclaré, devant la préfecture, avec sa femme, une association portant le même nom que la nôtre, SEL 66.. La nôtre était “de fait”ou “non déclarée”. Puis il a essayé de recruter des adhérents en passant une annonce dans un journal local ("El Punt", si je me souviens bien). Un jour j’ai reçu, d’un correspondant anonyme , une enveloppe pleine d’une dizaine de réponses à cette annonce. J’ai rappelé ces dix personnes par téléphone. Il est apparu qu’elles avaient assimilé le système à un troc direct et aucune n’a été assez motivée pour payer les 20 F demandés alors pour inscrire son annonce dans le bulletin du réseau. Les feuilles de compte ont enfin a peu près toutes été récupérées grâce à notre ami Dan, un pilier du SEL qui s’était improvisé médiateur. Ça nous a bien occupé en C.A. (comité d'administration). pendant des mois et détourné des vraies questions. Au même moment nous avons reçu la visite de deux membres du LETS de Brighton. Ils ont éclaté de rire en entendant notre histoire : leur comptable exigeait pour rendre les comptes que tout son travail lui soit payé en livres Sterling ... Tous les pacifistes et non violents de Brighton se sont mobilisés pour faire entendre raison à cet homme, sans beaucoup de succès à l’époque où nous en parlions.
C’est peut-être depuis ce jour que je me méfie des comptabilités centrales.

Commentaire d’Odette Linke : “Aujourd'hui j'ai passé une heure au verger avec 8 bénéficiaires des restaus du cœur à qui j'ai proposé de venir gratis ramasser des prunes.Aucun n'a fait quelque chose qui aurait pu m'être utile, beaucoup de fruits ont été piétinés.J'ai fortement pensé à ce qui se passe quand un bout de métal a été tordu et qu'on essaye de lui redonner sa forme initiale. Avec les échanges commerciaux actuels nous avons perdu beaucoup de notre fraicheur et l'essentiel, le vital, sont noyés dans une sorte de brouillard. Rien d'étonnant que quelques uns ne soient plus capables de comprendre que "les bons comptes font les bons amis”. Je pense aussi qu'il est illusoire de penser qu'il existe un système d'écriture ou de sanction capable de mettre fin à la fraude, je crois bien plus à une régulation qui s'installerait grâce à des rapports humains moins anonymes et peut-être aussi par une diminution du désir d'avoir. Je crois que c'est là qu'il faudrait mettre l'accent dans nos petits groupes. En tout cas merci de ton travail. A bientôt, Odette Linke.” linkefrankodette@free.fr

le Nouveau carnet du J.E.U. 2008, à la pointe de vos stylos...

Pour faire l'argent soi-même dans le Jardin d’Echange Universel avec le carnet de compte personnel.
une idée de Daniel Fargeas, 666600 Vingrau, 1er Juin 08
tél. 04 68 29 40 89,
daniel.fargeas@no-log.org
le carnet de compte personnel
le carnet du J.E.U. 2008...

Ce carnet nous permet de garder une trace de chaque échange et nous assure, en temps réel, de ne pas consommer plus que nous produisons. C’est le principe de "l’argent à faire soi-même”.
Autrefois, dans les LETS et les SELs à leur origine en 1994, la comptabilité des points était assurée par une comptabilité centrale. Les services d'un "comptable " des points était nécessaire. En proposant que chacun tienne ses compte sur un carnet de compte personnel, nous simplifions l'administration du réseau et faisons tomber les frontières. Un utilisateur français peut échanger au cours de ses voyages en France ou à l'étranger avec un autre utilisateur de carnet .

Le modèle utilisé jusqu'à présent est né il y a 10 ans. Il n'a pas changé depuis. Il me parait même étonnant que de nouvelles versions ne soient pas apparues. Il ne serait pourtant pas sacrilège d'imaginer un modèle plus pratique et offrant la même sécurité dans la traçabilité de l'information. On pourrait même imaginer un modèle comme celui qui suit, facile à dessiner en trois ou quatre coups de stylo bille. Un modèle que des enfants à l'école pourraient s'approprier... un modèle tellement façile à façonner qu'il serait impensable d'essayer de l'acheter....

Voici une proposition. Seul le format change. Nous disposons simplement d’un peu plus de place pour nos inscriptions et nous sommes un peu plus autonome. Ça donne un petit élan supplémentaire pour démarrer plus vite et faire des échanges.

Prenons un carnet, n'importe quel carnet. Le format du carnet de chèques convient très bien (mais personne ne vous oblige à choisir un carnet de chèques, vous pouvez prendre nimporte quel vieux carnet). Le format du carnet de chèques est pratique parce qu'il se glisse même dans la poche d’une chemisette, d'un veston ou d'un pantalon. C'est un format international qui semble même plus pratique que le format "livret d'épargne" que j'avais choisi en 98. Si vous avez un carnet de chèques, vous remarquerez que le dos des chèques est vierge ....

Traçons donc sur une page du carnet de notre choix; 2 traits verticaux et 2 traits horizontaux.
Nous obtenons ainsi 9 cases pour inscrire les données de chaque échange:
A, B, C
D, E, F
G, H, I
- Dans case A on inscrit la “dâte de l’échange”.
- La case B est consacrée aux “Nom prénom, surnom du partenaire”
- Dans la case C , c’est le “Montant de l’échange en lettres”
- Dans la case D nous inscrivons la “Nature de l’échange”.
- Dans la case E on a de la place pour noter le “téléphone et l’adresses du partenaire”.
- Dans la case F on note le “montant de l’échange en chiffres” (dans la colonne de droite, C.F.I. on peut tracer quelques fines lignes verticales pour permettre d’aligner les chiffres des unités et des dizaines et éviter les erreurs de soustraction ou d’addition)
- Dans la case G on note le “solde du partenaires en chiffres et en lettres.
- Dans la case H on peut inscrire les adresses des mails, sites ou blogs du partenaire. Ce sera une bonne occasion pour prendre le temps de rencontrer notre partenaire. C’est souvent plus important que l’aspect matériel de l’échange. Pour les petits échange qui ne justifient pas toute cette cérémonie des inscriptions , nous pourrons nous offrir le luxe de faire un cadeau ou de sortir une pièce de notre poche.
- Dans la case I , en bas à droite, on inscrit notre “solde après l’échange”. En repliant la feuille que nous avons précédemment rempli nous faisons coïncider le bas de cette feuille avec le haut de la feuille suivante et permettre à nos chiffres de s’aligner.
on peut aussi tracer 2 traits verticaux et Un seul trait horizontal. On obtient alors 6 cases au lieu de 9. Ça offre l'avantage de la simplicité. Il faut essayer de voir si ça marche. L'usage sélectionnera la disposition la plus pratique.
Dites-moi ce qui vous convient le mieux.

Ce nouveau carnet est pour moi l’occasion de rappeler que l’entrée dans le JEU est gratuite, il n’est pas possible de demander des frais d’inscription ou d’adhésion à quelqu’un quand on comprend que chacun fait de la monnaie à chaque échange s’il en garde la trace. Ce n’est pas un privilège qui peut s’acheter. Nous sommes tous dans le JEU dès notre naissance simplement parce que nous sommes en vie, conscient, responsables de nos accords. On n'achète et ne vend pas un droit de naissance.

Les inscriptions sont croisées. Chacun écrit dans le carnet de son partenaire.

Renoncons provisoirement à un échange sur un carnet mal tenu ou dont le solde est depuis trop longtemps négatif. La désinvolture dans la tenue d’un carnet permet de juger du niveau de compréhension et d’exigence de son propriétaire. Nous ne sommes pas obligé de faire des échanges dans l’urgence. Nous pouvons d’abord échanger nos carnets, faire connaisance en commentant les diverses opérations qui y sont inscrites. Aidons plutôt patiemment le partenaire à mettre de l’ordre dans ses écritures et dans l’équilibre de ses échanges. En attendant, il est possible de lui faire un cadeau ou utiliser une autre monnaie qui ne nécessite pas d’écriture dans le carnet du JEU... qui est un document public, par définition.

La case “Solde du partenaire” est très importante: 1) elle permet de retrouver notre solde en cas de perte ou vol de notre carnet (en contactant notre dernier partenaire), 2) elle permet de nous assurer que nous respectons la règle essentielle dans le JEU: “pas d’échange avec un carnet du JEU si l’échange met le partenaire en solde négatif”. Un échange privé de gré à gré reste possible dans ce cas. Je recommande de ne pas intervenir sur le carnet du JEU quand votre solde ou celui de votre partenaire risque de devenir négatif.
Dans certains groupes ou le niveau de conscience et d’éthique est plus élevé que la moyenne des SELs en France, cela se fait naturellement, semble-t-il. Un consensus tacite s’établit sur l’évidence pour le groupe d’adapter sa consommation à sa production.

Sur le carnet initial j'avais indiqué en très petit caractère (corps 5 ou 6) les légendes correspondantes à chaque case. Une solution consisterait maintenant à imprimer ces légendes sur un volet repliable de la couverture du carnet. Un volet qui serait toujours visible.

Vos commentaires sont très bienvenus et vous permettent de contribuer à l’élaboration du système JEU. Merci à l’avance pour votre participation.
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mercredi 30 avril 2008

D'où l'argent tire-t-il sa valeur et sa légitimité ?


D’où l’argent tire-t-il sa valeur et sa légitimité ?


Texte de Daniel Fargeas, tél. 04 68 29 40 89
extrait du blog

http://monnaiesassociatives.blogspot.com/'

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Ghislaine LANCTOT a refusé sa libération de prison après qu’elle ait précédemment refusé de payer ses impôts (d’après personocratia.com). C’est en effet le site de Ghislaine LANCTOT, auteure de la Mafia Médicale et de Que diable suis-je venue faire sur cette terre?). Rendons hommage à son courage.
"Ghis", comme elle aime se faire appeler maintenant, nous explique : “au-delà de la peur, la seule et vraie autorité est intérieure; seule la personne est souveraine ...et diessique”. entretien avec Ghislaine sur http://audio.corusquebec.com/985fm/129311.mp3

Ghislaine fait ce que nous aurions pu faire depuis 1924 quand Clifford Hugh Douglas, (1879-1952) ingénieur écossais, publie le “Social Credit” et nous fait comprendre que la terre et le progrès sont notre héritage à tous et justifient que nous recevions chacun “un dividende social” égal de notre naissance à notre mort. Depuis lors, seule notre apathie ou inconscience nous fait subir un système financier qui nous prête contre intérêt de l’argent qui, en fait, nous appartient. L’argent en effet n’a de valeur que s’il peut acheter les richesses du monde dont nous sommes les héritiers, les co-créateurs et les co-propriétaires.

L’argent, n'est que le reflet symbolique des ressources du monde, c'est aussi une création, une représentation de notre esprit, de notre culture. La monnaie n’est que l’ombre des richesses du monde sur l’écran de notre commun accord. Ce commun accord, autrement dit, notre confiance, est nécessaire pour donner valeur à la monnaie, à l’argent. Le système financier gère notre monnaie, il ne la créé pas, et avec notre parfaite passivité. Nous sommes tous complices et nous marchons tous dans la combine comme un seul homme, gardant des Euros ou des dollars dans notre poche. Il nous reste une seule alternative: apprendre à gèrer nos monnaies, d’abord au niveau associatif, le plus simple, puis local, puis régional et international.

Les financiers mériteraient peut-être une commission (s’ils ne s’étaient pas déja largement payés) pour s’occuper si complaisamment de la gestion de notre monnaie (encore que leur compétence dans la gestion de notre patrimoine climatique et dans la paix du monde soit à la hauteur de notre passivité.

Tout le monde sait bien que les prêts consentis par les financiers aux états pour faire de “justes guerres”, génèrent des profits gigantesques par les intérêts des “prêts” accordés aux gouvernements et qui deviennent autant de dettes pour les contribuables.

L’escroquerie est “abracadabrantesque”. Elle est du même ordre que les marchands de médicaments ou de vaccins qui prétendent nous vendre une santé qui s’est lentement élaborée au cours de millions ou milliards d’années d'évolution, en relation avec notre biotope.

Ghis est en dessous de la vérité quand elle dit “Les financiers créent l’argent à partir de rien”. C’est encore pire. Les financiers gèrent seulement l’argent, ils ne le créent pas. L'argent fait partie du corps et des pensées et de la culture de l'humanité. Quelqu'un peut-il prétendre nous faire payer l'usage de nos bras ou de nos têtes? A qui nos bras, nos têtes, nos pensées et l'argent qui en découle, appartiennent-ils?

Ce n’est pas l’or qui donne sa valeur à nos monnaies. C’est la planète toute entière avec ses habitants (actuels et passés qui contribuèrent à cette richesse) qui donne son existence et sa valeur à la monnaie.

Avec notre incompréhension, notre résignation, notre futilité, notre accord, notre complicité, nous nous laissons lentement déposséder de nos vies....

dimanche 27 avril 2008

Le réseau global d'échange d'Argentine, huit ans après

Article d'Eloïsa Primavera recueilli sur http://grit-transversales.org/article.php3?id_article=236
Veuillez vous reporter à cette adresse pour profiter des liens qui y sont inclus


Il a huit ans, je présentais à Paris l’expérience des réseaux de troc en Argentine, qui réunissaient à l’époque une centaine de milliers de membres à travers tout le pays. Ceux-ci échangeaient régulièrement des produits et services de tout type pour réagir à la crise de l’emploi qui touche depuis lors la classe moyenne. Nous étions conscients de la spécificité de l’expérience Argentine, par rapport à la plupart des SELs développés en France, Belgique et aux Pays Bas. Nous avons même cru à l’époque qu’une révolution était en train de se bâtir, car nous sentions que le Marché pouvait être maîtrisé... Pourquoi le nier ?

En 2001, l’expérience argentine, qui entre temps avait été introduite au Brésil, en Uruguay, en Bolivie, au Chili, Équateur et en Colombie, était présentée dans le cadre du Forum Social Mondial à Porto Alegre (Brésil). Le chantier "Monnaie Sociale" au sein de l’Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire naissait à cette occasion. Le titre de notre texte de lancement - "Monnaie sociale : permanence opportune ou rupture de paradigme ?" - met en évidence l’espoir et l’ampleur de la démarche qui commençait.
Mais, que s’est il passé depuis ?

En Argentine, des multiples réseaux ont continué de se former jusqu’à atteindre le nombre de 10.000. Ces groupes étaient présents dans toutes les provinces et 6 millions de personnes (sur une population totale de 36 millions) ont déclaré participer, plus ou moins activement, à ces échanges non monétaires. Puis des raisons, sans doute multiples, ont mené le système à son écroulement en Septembre 2002. L’article que j’écrivais à l’époque "Richesse, argent et pouvoir : l’éphémère « miracle argentin » des réseaux de troc" tentait de fournir une approche moins naïve que ce que des chercheurs et journalistes de passage ont cru comprendre. L’origine de la crise des réseaux de troc est survenue un an avant la crise financière argentine et ses raisons ont été plutôt idéologiques que strictement "financières". Deux modèles ont commencé a se battre à l’intérieur des groupes : l’un qui voulait "faire des affaires", et se transformer en "Banque Centrale", l’autre - utopique - qui prétendait redistribuer la richesse et éliminer "l’argent marchandise". Actuellement, à l’occasion d’une thèse de doctorat, nous réorientons nos recherches sensiblement, pour tenter de répondre à la question "Comment ces systèmes ont-ils été possibles" plutôt que "Pourquoi l’écroulement a-t-il eu lieu ?".

Au Brésil, à partir de 2003, le gouvernement progressiste a promu un mouvement d’économie solidaire, mouvement au sein duquel les monnaies sociales paraissaient trouver le terrain idéal pour se développer. Mais la réalité est que ce développement est bien trop lent, par rapport aux besoins des populations. Comment expliquer cette lenteur sous des auspices pourtant favorables ?

En tentant de répondre, non sans une dose de provocation, à ces deux questions portées par les expériences argentine et brésilienne, nous renouvelons notre engagement dans l’avenir de ce mouvement. Au delà de sa difficulté à s’installer durablement, celui-ci apparaît au final bien plus contre-hégémonique qu’on ne le croyait.
Changer l’argent ? Ou simplement en faire profiter plus de gens ?

La pensée de , Margrit Kennedy et Bernard Lietaer nous éclaire fortement sur quelques "culs de sac" peu visibles, à l’intérieur de l’économie et des politiques sociales. D’un coté, Bernard Lietaer (The future of money, 2001) a proposé une approche particulièrement fertile du phénomène de l’argent en montrant que l’économie elle-même est née dans le paradigme de la rareté, l’argent étant lui-même partie du système... Margrit Kennedy, à son tour, a indiqué comment se sortir de ce pêché originel en reconnaissant que les taux d’intérêt bancaires (simple et composé) rendent le système financier insoutenable du point de vue de son évolution dans la durée. (Interest and inflation free money. Creating an exchange medium that works for everybody and protects the earth, 1996). Ces deux auteurs croient aux monnaies complémentaires, comme porteuses de solution pour les crises du système financier international. Conviction que nous partageons.
Si le chemin est si clair, pourquoi est-il tellement difficile d’y parvenir ?

... nous avons été en contact avec de multiples systèmes de monnaie complémentaire partout dans le monde. La quasi-totalité soutenait jouer le rôle d’une monnaie sociale et solidaire, en poursuivant comme objectif une redistribution de la richesse au lieu de sa concentration. Entre temps, c’est la richesse elle-même qui a été redéfinie : le Produit Intérieur Doux a été découvert... L’économie solidaire a été considérée comme une stratégie alternative au développement intégral et durable, elle a multiplié ses initiatives, mais... les monnaies complémentaires ne se sont pas développées à la mesure de nos efforts.

Pour citer un exemple familier pour un public francophone, si nous pensons à une définition possible d’un SEL, que serait-elle ?

* Un groupe de personnes qui s’entraident : chacun produit et consomme à l’intérieur du groupe
* L’argent est remplacé par une monnaie créée par le groupe : une monnaie qui devient de facto sociale et solidaire
* Finalement, tous épargnent de l’argent officiel car il n’y est pas utilisé...

Si, de l’autre côté, nous trouvons au sein de l’économie solidaire des processus de :

* Contrôle des moyens de production par les travailleurs
* Autogestion des entreprises par les travailleurs
* Accès au crédit favorisé par les politiques d’État
* Distribution équitable de l’excédent

Il est aussi nécessaire de tenir compte du fait que ces initiatives doivent :

* Donner la priorité au marché intérieur (au moins aux besoins de base)
* Intégrer tant les individus, les groupes, les communautés que la nature dans son processus

Ces conditions sont-elles réalisables simultanément ? Les acteurs impliqués, se connaissent-ils? Les coopératives, petites et moyennes entreprises d’autogestion, les boutiques du commerce équitable, les finances éthiques, les monnaies sociales, la consommation responsable, le développement durable, se sont-ils rencontrés et ont-ils ouvert un dialogue fertile indispensable à leur réalisation ? Voici les questions essentielles qui sont devant nous et dont nous constatons qu’elles ne sont pas prises en compte par les différents acteurs sociaux, eux-mêmes enfermés dans le "paradigme de la rareté" attaché à chaque projet, à chaque dynamique...
Et si nous posions le regard ailleurs, où serait le bon endroit ?

A partir des constats tirés de la crise argentine et de la lenteur du processus brésilien (que nous avions pourtant cru porté par de nombreux facteurs de succès), nous avons radicalement changé de point de vue et sommes passés du paradigme de la rareté au paradigme de l’abondance. En effet, nous avons constaté que les initiatives durables partageaient quelques caractéristiques, telles que l’engagement permanent et soutenu dans la durée, la multiplicité d’acteurs et la variété de projets tournés vers la communauté, plutôt que vers des individus. Au-delà des projets rationnels, et de leur planification, de l’utilisation optimale des ressources, la durée reste la clé de voûte de toute aventure de transformation.

Partant de ces constats, le Projet COLIBRI a été conçu en 2003, projet qui commence à montrer ses résultats, certes embryonnaires mais stimulants. Il a pour objectif la formation d’agents multiplicateurs de projets de développement local intégré et durable, appuyés sur une large éventail de stratégies.

Dans le cadre de ce projet, plusieurs initiatives ont été lancées en Argentine et au Mexique, pour promouvoir ET ARTICULER DANS LE TEMPS, DANS N’IMPORTE QUEL ORDRE :

* La réactivation des ressources locales : soit à partir de projets en cours, soit à partir de la création de nouveaux projets. Il s’agit de renouer avec l’utopie, malgré tout...

* L’utilisation de systèmes alternatifs de financement, tels que le micro-crédit, les fonds rotatifs, les finances éthiques.

* L’introduction de systèmes d’échanges non monétaires, tels que les monnaies sociales, les SELs/LETS, les banques de temps, ou le "troc" direct.

* L’adoption des formules de gestion partagée État - Société civile, telles que le Budget Participatif (inspiré de Porto Alegre) et d’autres projets de co-gestion qui ont déjà montré leur viabilité.

Est-ce encore un nouveau rêve ? Ou sommes-nous sur une piste tangible ?
Après avoir vécu l’expérience argentine, nous croyons absolument au fait que rareté et abondance ne sont pas des données objectives de la réalité de la planète, mais différents paradigmes dans lesquels nous choisissons de vivre . Et nos recherches ont montré que le langage est bien imprégné de l’un ou l’autre de ces paradigmes.

Ainsi, si nous nous arrêtons trop souvent à observer les conflits, si nous leurs cherchons des coupables, ou de belles théories de la conspiration, si nous croyons par-dessus tout à notre savoir d’experts, nous serons inexorablement confrontés en permanence à une série de problèmes, car toutes ces attitudes appartiennent au paradigme de la rareté...

En revanche, si les différences nous semblent légitimes (pas seulement tolérables), si nous cherchons plutôt notre propre responsabilité dans l’état actuel des conditions de vie de nos sociétés, si nous préférons les résultats construits en consensus (difficiles à obtenir, sans doute) à ceux que génèrent les conflits, nous serons alors impliqués en permanence dans des projets, des constructions alternatives qui cherchent cet autre monde possible...

À notre avis, et au risque de paraître naïve, ce dont nous avons besoin par-dessus tout ce n’est pas de changer la monnaie, mais de radicaliser la démocratie. Il faut trouver les moyens d’oser le faire ! Il faut être capable de penser que nous sommes a la fois chacun et tous responsables du maintien de la rareté de nourriture, là où elle en manque...

Il faut penser que nous sommes capables de renoncer à notre héritage matériel, aussi bien de celui venu de nos parents qu’envers nos enfants. Il faut pratiquer un commerce équitable avec les petits commerçants du quartier plutôt que d’acheter "moins cher" dans les grandes surfaces. Il faut être capable - chacun d’entre nous- de créer des opportunités pour les chômeurs proches de nous d’accéder à des petites "banques éthiques"...

Il faut OSER - en permanence - proposer des mesures de changement, plus ou moins radicales, plus ou moins libres, peu importe. Des propositions toute à la fois radicales et libres. Nous pouvons commencer par découvrir le paradigme de la rareté chez nous-mêmes et construire chaque jour des propositions pour vivre, en permanence, dans le paradigme de l’abondance... pour tous....

Heloísa Primavera, biographie



Article extrait du site grit-transversales.org/auteur.php3?id_auteur=78


Je suis née au Brésil et vis en Argentine depuis 1968. J’ai fait mes études en Biologie à Sao Paulo et une spécialisation en Biologie Moléculaire et Neurophysiologie en France. L’essai de fusion de ma profession avec ma militance sociale et politique m’a mené à faire une Maîtrise en Sciences Sociales et à écrire une thèse sur "Péronisme et changement social" ; j’ai été dirigée par le Professeur Darcy Ribeiro, l’un des auteurs dont la pensée a contribué à mon ouverture à la Grande Patrie d’Amérique Latine. Depuis, j’ai fait une formation approche systémique avec W. De Gregori au Brésil, puis en epistémologie constructiviste linguistique avec les créateurs de l’Ecole de Santiago (H.Maturana, F.Varela et F. Flores).

Comme consultante, je travaille dans le domaine de l’analyse organisationnelle, la mise en marche et évaluation de projets sociaux pour des organisations publiques et privées, tels que le PNUD, la BID et la CEPAL.

Professeur à la Maîtrise en Administration Publique à la Faculté des Sciences Economiques de l’Université de Buenos Aires, j’y suis candidatte au Doctorat, à partir d’une recherche sur les « Monnaies complémentarias et l’économie sociale en Argentine : contributions de l’epistémologie constructiviste ».

Engagée dès 1996 dans la promotion des réseaux de troc avec monnaie sociale en Amérique Latine, j’anime depuis 2000 le groupe de travail sur Monnaie Sociale du PSES - Pôle de Socioéconomie Solidaire de l’Alliance pour un Monde responsable, pluriel et solidaire ; avec Philippe Amouroux, Laurent Fraisse, Marcos Arruda et Yoko Kitazawa j’intègre l’EGA - Equipe Global d’ Animation du PSES, qui gère actuellement 13 groupes de travail à niveau international.

Avec des collègues d’huit pays de la région, j’ai été co-fondatrice du RedLASES - Réseau Latinoaméricain de Socioéconomie Solidaire en 1999, qui anime actuellement le Projet COLIBRI, dont l’objectif principal est la formation et mise en réseau de 1500 promoteurs du Développement Intégré et Durable en Amérique Latine, cofinancé par la FPH (Fondation Charles Léopold Layer pour le Progrès de l’Homme), Suisse, la Fondation pour la Qualité et la Participation et le Laboratoire pour l’Innovation Sociale, Argentine.