Je viens de recevoir le film "La Double Face de la monnaie" produit par Vincent Gaillard et Jérôme Polidor, 25 rue de Meaux , 75019 PARIS, 01 42 45 11 05 ou 06 83 18 62 19, ou www.lamare.org, ou http://mareauxcanards.ouvaton.org/, ou lamare@no-log.org, Jérôme dirige les éditions La Mare aux Canards, et publie en DVD ce film d’une heure : “La Double Face de la Monnaie”. Félicitations. C'est un très bon film. Tous les réseaux d'échange devraient vous l'acheter. Pour 18 Euros, port compris, c'est un cadeau.
Maintenant passons aux suggestions:
- Tous les intervenants sont parfaits, à part peut-être Bernard Leater, l'homme à la chemise bleue foncée, que je n'ai pas très bien compris.
- L'intervention de Pascale Delille par exemple : "L'entraide fait concurrence au travail comme le soleil fait concurrence à la chandelle...." est vraiment géniale.
- j'ai cru comprendre que c'était Eloïsa une des principales animatrices du réseau d’argentine qui parlait à la fin du film, mais j'ai pas vu son nom mentionné. Il eut été intéressant de mentionner que le réseau d’argentine s’est inspiré du réseau Ithaca (qui lui est toujours en pleine forme) pour ensuite diverger et se dissoudre presque complètement dans des querelles internes ....
- Il était possible de signaler que le banques du temps (ou Time dollars dont on voit un logiciel) étaient crées par Edgar Cahn à Washington. Voir http://timebanks.blogspot.com/ et dont le principal slogan est "We need each other" ("nous avons besoin les uns des autres")
- Si vous voulez faire une suite à ce film, il y a en Europe le "Cercle WIR" fondé en Suisse en 1934 par deux artisans et qui fonctionne toujours.
- Et un peu plus loin le système Ithaca hours, une ville au Nord de New York fondé par un authentique Ecolo (qui circule à vélo, même les jours de pluie): Paul Glover. Info sur >http://en.wikipedia.org/wiki/Ithaca_Hours<
- J'ai moi-même inventé un système qu'on appelle JEU (Jardin d'Echange Universel) dont je décris quelques facettes sur >http://www.monnaiesassociatives.blogspot.com/ < et qui commence à s'implanter en France et au Québec. On découvre et l'on comprend avec le JEU que chacun peut faire de l'argent soi-même en tenant ses comptes sur un petit carnet personnel. Le JEU apporte même quelques améliorations aux SELs en démontrant que l'on doit apprendre à maîtriser la création des unités d'échange et l'ajuster à la création des richesses.
vendredi 5 septembre 2008
dimanche 3 août 2008
La naissance des SELS et du JEU
Texte de Daniel Fargeas, tél. 04 68 29 40 89 ou daniel.fargeas@no-log.org
Le système des LETS est présenté en France en aout 94 par un représentant des LETS anglais lors d’une rencontre sur le thème de l’argent à Viols le Fort dans l’Hérault. Patrice Burger avait fait venir d’Angleterre un anglais pour nous parler de cette innovation: les systèmes d’échange locaux. Pour conclure un échange, celui qui recevait un service donnait en compensation à son partenaire un “bon d’échange” tout semblable à un chèque. Ce chèque était ensuite envoyé par lettre à un comptable qui traduisait à la main, dans son grand livre, cette information sur les comptes des partenaires.
J’avais en mémoire, depuis des années, le dessin de “l’Ile des Naufragés” de Louis Even. On y voit des petits personnages en combinaison de travail, devant un tableau noir. Ils réinventent la monnaie en notant publiquement les comptes de leurs échanges. J’ai essayé d’expliquer ce principe à un membre du C.A. (comité d'administration) du SEL de l’Ariège. La suggestion n’est pas passée. J’ai ensuite présenté l’idée à Jean Rocheron, président du SEL 66 au début de l’année 95.
Jean Rocheron vient me trouver un matin et me dit: “alors on la sort cette feuille de compte?” Nous nous sommes assis devant l’ordinateur et Jean a trouvé le nom “Feuille de richesse” . Cette feuille comportait une dizaine de lignes pour noter autant d'échanges.
Quand une feuille de compte personnelle était pleine, son propriétaire la postait au comptable qui devait la retranscrire sur le livre de compte de l’association.
3 Histoires de comptables
Notre premier comptable du SEL 66 recevait ces feuilles de compte à l’adresse de sa boite postale personnelle. Il avait quelque peine à mettre de l’ordre dans ses papiers. Les feuilles voltigeaient, éparses, sur la plage arrière et les sièges de sa voiture... Il n’arrivait pas à nous donner les comptes des partenaires. Les membres du C.A. étaient consternés. Ils se sont concertés puis ont demandé au comptable de rendre les feuilles. Notre héros nous a répondu que c’était “son SEL” et a refusé pendant des mois de transmettre les documents. Puis il a déclaré, devant la préfecture, avec sa femme, une association portant le même nom que la nôtre, SEL 66. La nôtre était “de fait”ou “non déclarée”. Sans doute a-t-il a essayé de recruter des adhérents en passant une annonce dans un journal local. Un jour j’ai reçu, d’un correspondant anonyme, une enveloppe pleine d’une dizaine de réponses à (publiée dans le journal local "El Punt", si je me souviens bien). J’ai rappelé ces dix personnes par téléphone. Il est apparu qu’elles avaient assimilé le système à un troc direct et aucune n’a été assez motivée pour payer les 20 F, demandés alors, pour inscrire son annonce dans le bulletin du réseau. Les feuilles de compte ont été enfin a peu près toutes récupérées grâce à notre ami Dan, un pilier du SEL qui s’est improvisé médiateur. Ça nous a bien occupé en C.A. pendant des mois et détourné des vraies questions.
A la fin du printemps 95, nous avons reçu la visite de deux membres du LETS de Brighton. Ils ont éclaté de rire en entendant notre histoire : leur comptable exigeait pour rendre les comptes que tout son travail lui soit payé en livres Sterling ... Tous les pacifistes et non violents de Brighton se sont mobilisés pour faire entendre raison à cet homme, sans beaucoup de succès à l’époque où nous en parlions.
Notre second comptable avait un esprit très pratique. Il participait régulièrement à toutes les réunions du Conseil d’administration. C’était souvent chez lui. Les réunions étaient “payées” en unités aux membres qui y participaient. SI je me rappelle bien, c’était de l’ordre de 150 unités par séance. C'était peu si l'on pense que les participants venaient de loin et que la séance durait plusieurs heures. C'était beaucoup, si l'on comptait 10 participants par séance, soit 1500 unités créées et injectées dans le réseau. Plus tard, je me suis demandé qu’elle était la richesse que recevait le réseau en échange . J’ai commencé à penser que le réseau se faisait pirater tout doucement par une équipe d’apprentis administrateurs...
Je rencontrais également souvent notre comptable lors de “bourses d’échange”. Il ne perdait pas de temps. Il était à l’affut et raflait tous les outils. Comme nous nous connaissions depuis longtemps, Il m’a confié : “Les outils, ça sert toujours”. Il les a entassé dans la cave de son immeuble pendant plusieurs années, puis à quitté le département...
Une histoire de fourmis
Nous arrivons en 97. Je vois à la télé une émission sur les fourmis. Les fourmis échangent des informations en frottant leurs antennes. Le commentateur explique que l’ordre s’installe dans la colonie par cet échange sans qu’il y ait besoin d’un centre et d’une hiérarchie...
L’idée fait sans doute son chemin. Un matin, je me réveille avec cette pensée: “introduis une case de plus sur ta feuille de compte sur laquelle tu noteras le solde de ton partenaire, et une autre case où tu noteras ses coordonnées. Et ton partenaire fera de même. Vous échangerez une information comme font les fourmis Si l’un de vous perd son carnet il peut retrouver son solde sur le carnet du partenaire. Le centre comptable n’est plus nécessaire....
Et, conséquence totalement inattendue, s’il n’y a plus de centre, il n’y a plus de frontière. Chacun peut se promener partout avec son petit carnet. Il peut faire des échanges où qu'il soit et visualiser son solde en temps réel. Il n'a plus d’excuse pour avoir un solde en négatif, c'est à dire pour consommer plus qu'il ne produit, véritable plaie des SELs. Nous pourrons examiner cet aspect en détail si vous me postez des commentaires.
Cette nouvelle feuille, "façon fourmis" est présentée à la rencontre des Vans en été 97.
Un participant à cette rencontre passe aussitôt me voir à Vingrau. Nous passons l’après-midi à échanger quelques idées et à cueillir des amandes.
Quelques jours plus tard je reçois un carnet de mon amateur d’amandes (il souhaite garder l’anonymat). Les cases vierges de ma feuille sont ont été l'objet d'un relooking intégrées qu'elles sont maintenant dans les pages d’un carnet de format semblable à celui d’un livret d’épargne. Quel luxe!
Je pond un texte pour présenter l’ensemble de l’idée. Ma correctrice en orthographe a l’idée de nommer ce système. Elle prend son dictionnaire et trouve le sigle J.E.U., Jardin d’Echange Universel. Ça sonne bien et j’adopte le mot dans une présentation en 4 pages que j’envoie en janvier 98 à tous les SELs de France.
Quelques temps après je reçois la visite de Roland Carbone. Nous faisons ensemble une promenade sur les petits chemins qui déservent les vignes autour de Vingrau. Nous identifions au passage quelques plantes sauvages. Roland pointe du doigt “l’herbe des Chtrounfs”, la salspareille. Effectivement les jeunes pousses de salspareille qui poussent après la pluie, au printemps, sont tendres et délicieuses et font de bonnes soupes et de bonnes salades.
Un peu plus tard, Roland cré “La Route de stages”. C’est aussi un bon outil de rencontre universel
C’est aussi l’époque où nait un peu plus tard, la “Route des SELs”
Avec le JEU, c’est l’individu qui se retrouve au centre . J'expose cette idée à Ghislaine Lanctôt et le carnet qui va avec, au cours d’un de ses séminaires en France. Ghislaine est l’auteur de plusieurs livres et conférences dont le best-seller “La mafia médicale”. De retour au Québec, Ghislaine présente le JEU dans ses conférences et dans ses livres (Voir http://www.personocratia.com/). Un groupe JEU de quelques centaines de personnes, se forme au Québec (entre autres site: www.monjeu.net)
Le développement du JEU est assez silencieux. De nombreux utilisateurs de carnet se manifestent au hasard des rencontres ou des coups de téléphone, J’apprend que certains SELs se servent d’une “feuille de richesses”, ou d’un carnet, depuis plusieurs années....
Aujourd’hui, en Août 2008, avec Internet on a une vision de cette progression. On obtient 57900 réponses en tapant “Jardin d’Échange Universel” sur Google. Un grand merci à tous les Webmasters qui participent à la diffusion des idées du JEU. Le court article, mis en ligne en mars 2004, ainsi référencé: www.sel-terre.info/article_pdf.php3?id_article=132 , est toujours d’actualité. On peut aussi allez voir http://www.sel-terre.info/article.php3?id_article=9#top
Les moyens d’échange disponibles sont listés sur : http://sel.leforum.eu/t85-CR-activites-2006-atelier et vous pouvez également bien sûr consulter le blog que je tiens à cette adresse: http://www.monnaiesassociatives.blogspot.com/
A propos de blog, connaissez-vous un blog où l’on puisse intervenir clairement sur le sommaire pour avoir une vision panoramique des titres des articles et pas seulement des dates comme c’est le cas pour “blogspot” de GOOGLE. Merci pour votre attention et pour vos commentaires
Le système des LETS est présenté en France en aout 94 par un représentant des LETS anglais lors d’une rencontre sur le thème de l’argent à Viols le Fort dans l’Hérault. Patrice Burger avait fait venir d’Angleterre un anglais pour nous parler de cette innovation: les systèmes d’échange locaux. Pour conclure un échange, celui qui recevait un service donnait en compensation à son partenaire un “bon d’échange” tout semblable à un chèque. Ce chèque était ensuite envoyé par lettre à un comptable qui traduisait à la main, dans son grand livre, cette information sur les comptes des partenaires.
J’avais en mémoire, depuis des années, le dessin de “l’Ile des Naufragés” de Louis Even. On y voit des petits personnages en combinaison de travail, devant un tableau noir. Ils réinventent la monnaie en notant publiquement les comptes de leurs échanges. J’ai essayé d’expliquer ce principe à un membre du C.A. (comité d'administration) du SEL de l’Ariège. La suggestion n’est pas passée. J’ai ensuite présenté l’idée à Jean Rocheron, président du SEL 66 au début de l’année 95.
Jean Rocheron vient me trouver un matin et me dit: “alors on la sort cette feuille de compte?” Nous nous sommes assis devant l’ordinateur et Jean a trouvé le nom “Feuille de richesse” . Cette feuille comportait une dizaine de lignes pour noter autant d'échanges.
Quand une feuille de compte personnelle était pleine, son propriétaire la postait au comptable qui devait la retranscrire sur le livre de compte de l’association.
3 Histoires de comptables
Notre premier comptable du SEL 66 recevait ces feuilles de compte à l’adresse de sa boite postale personnelle. Il avait quelque peine à mettre de l’ordre dans ses papiers. Les feuilles voltigeaient, éparses, sur la plage arrière et les sièges de sa voiture... Il n’arrivait pas à nous donner les comptes des partenaires. Les membres du C.A. étaient consternés. Ils se sont concertés puis ont demandé au comptable de rendre les feuilles. Notre héros nous a répondu que c’était “son SEL” et a refusé pendant des mois de transmettre les documents. Puis il a déclaré, devant la préfecture, avec sa femme, une association portant le même nom que la nôtre, SEL 66. La nôtre était “de fait”ou “non déclarée”. Sans doute a-t-il a essayé de recruter des adhérents en passant une annonce dans un journal local. Un jour j’ai reçu, d’un correspondant anonyme, une enveloppe pleine d’une dizaine de réponses à (publiée dans le journal local "El Punt", si je me souviens bien). J’ai rappelé ces dix personnes par téléphone. Il est apparu qu’elles avaient assimilé le système à un troc direct et aucune n’a été assez motivée pour payer les 20 F, demandés alors, pour inscrire son annonce dans le bulletin du réseau. Les feuilles de compte ont été enfin a peu près toutes récupérées grâce à notre ami Dan, un pilier du SEL qui s’est improvisé médiateur. Ça nous a bien occupé en C.A. pendant des mois et détourné des vraies questions.
A la fin du printemps 95, nous avons reçu la visite de deux membres du LETS de Brighton. Ils ont éclaté de rire en entendant notre histoire : leur comptable exigeait pour rendre les comptes que tout son travail lui soit payé en livres Sterling ... Tous les pacifistes et non violents de Brighton se sont mobilisés pour faire entendre raison à cet homme, sans beaucoup de succès à l’époque où nous en parlions.
Notre second comptable avait un esprit très pratique. Il participait régulièrement à toutes les réunions du Conseil d’administration. C’était souvent chez lui. Les réunions étaient “payées” en unités aux membres qui y participaient. SI je me rappelle bien, c’était de l’ordre de 150 unités par séance. C'était peu si l'on pense que les participants venaient de loin et que la séance durait plusieurs heures. C'était beaucoup, si l'on comptait 10 participants par séance, soit 1500 unités créées et injectées dans le réseau. Plus tard, je me suis demandé qu’elle était la richesse que recevait le réseau en échange . J’ai commencé à penser que le réseau se faisait pirater tout doucement par une équipe d’apprentis administrateurs...
Je rencontrais également souvent notre comptable lors de “bourses d’échange”. Il ne perdait pas de temps. Il était à l’affut et raflait tous les outils. Comme nous nous connaissions depuis longtemps, Il m’a confié : “Les outils, ça sert toujours”. Il les a entassé dans la cave de son immeuble pendant plusieurs années, puis à quitté le département...
Une histoire de fourmis
Nous arrivons en 97. Je vois à la télé une émission sur les fourmis. Les fourmis échangent des informations en frottant leurs antennes. Le commentateur explique que l’ordre s’installe dans la colonie par cet échange sans qu’il y ait besoin d’un centre et d’une hiérarchie...
L’idée fait sans doute son chemin. Un matin, je me réveille avec cette pensée: “introduis une case de plus sur ta feuille de compte sur laquelle tu noteras le solde de ton partenaire, et une autre case où tu noteras ses coordonnées. Et ton partenaire fera de même. Vous échangerez une information comme font les fourmis Si l’un de vous perd son carnet il peut retrouver son solde sur le carnet du partenaire. Le centre comptable n’est plus nécessaire....
Et, conséquence totalement inattendue, s’il n’y a plus de centre, il n’y a plus de frontière. Chacun peut se promener partout avec son petit carnet. Il peut faire des échanges où qu'il soit et visualiser son solde en temps réel. Il n'a plus d’excuse pour avoir un solde en négatif, c'est à dire pour consommer plus qu'il ne produit, véritable plaie des SELs. Nous pourrons examiner cet aspect en détail si vous me postez des commentaires.
Cette nouvelle feuille, "façon fourmis" est présentée à la rencontre des Vans en été 97.
Un participant à cette rencontre passe aussitôt me voir à Vingrau. Nous passons l’après-midi à échanger quelques idées et à cueillir des amandes.
Quelques jours plus tard je reçois un carnet de mon amateur d’amandes (il souhaite garder l’anonymat). Les cases vierges de ma feuille sont ont été l'objet d'un relooking intégrées qu'elles sont maintenant dans les pages d’un carnet de format semblable à celui d’un livret d’épargne. Quel luxe!
Je pond un texte pour présenter l’ensemble de l’idée. Ma correctrice en orthographe a l’idée de nommer ce système. Elle prend son dictionnaire et trouve le sigle J.E.U., Jardin d’Echange Universel. Ça sonne bien et j’adopte le mot dans une présentation en 4 pages que j’envoie en janvier 98 à tous les SELs de France.
Quelques temps après je reçois la visite de Roland Carbone. Nous faisons ensemble une promenade sur les petits chemins qui déservent les vignes autour de Vingrau. Nous identifions au passage quelques plantes sauvages. Roland pointe du doigt “l’herbe des Chtrounfs”, la salspareille. Effectivement les jeunes pousses de salspareille qui poussent après la pluie, au printemps, sont tendres et délicieuses et font de bonnes soupes et de bonnes salades.
Un peu plus tard, Roland cré “La Route de stages”. C’est aussi un bon outil de rencontre universel
C’est aussi l’époque où nait un peu plus tard, la “Route des SELs”
Avec le JEU, c’est l’individu qui se retrouve au centre . J'expose cette idée à Ghislaine Lanctôt et le carnet qui va avec, au cours d’un de ses séminaires en France. Ghislaine est l’auteur de plusieurs livres et conférences dont le best-seller “La mafia médicale”. De retour au Québec, Ghislaine présente le JEU dans ses conférences et dans ses livres (Voir http://www.personocratia.com/). Un groupe JEU de quelques centaines de personnes, se forme au Québec (entre autres site: www.monjeu.net)
Le développement du JEU est assez silencieux. De nombreux utilisateurs de carnet se manifestent au hasard des rencontres ou des coups de téléphone, J’apprend que certains SELs se servent d’une “feuille de richesses”, ou d’un carnet, depuis plusieurs années....
Aujourd’hui, en Août 2008, avec Internet on a une vision de cette progression. On obtient 57900 réponses en tapant “Jardin d’Échange Universel” sur Google. Un grand merci à tous les Webmasters qui participent à la diffusion des idées du JEU. Le court article, mis en ligne en mars 2004, ainsi référencé: www.sel-terre.info/article_pdf.php3?id_article=132 , est toujours d’actualité. On peut aussi allez voir http://www.sel-terre.info/article.php3?id_article=9#top
Les moyens d’échange disponibles sont listés sur : http://sel.leforum.eu/t85-CR-activites-2006-atelier et vous pouvez également bien sûr consulter le blog que je tiens à cette adresse: http://www.monnaiesassociatives.blogspot.com/
A propos de blog, connaissez-vous un blog où l’on puisse intervenir clairement sur le sommaire pour avoir une vision panoramique des titres des articles et pas seulement des dates comme c’est le cas pour “blogspot” de GOOGLE. Merci pour votre attention et pour vos commentaires
vendredi 20 juin 2008
Citations extraites du site http://fragments-diffusion.chez-alice.fr/ de Janpier Dutrieux
Citations extraites du site http://fragments-diffusion.chez-alice.fr/ de Janpier Dutrieux
Correspondance : janpier.dutrieux@worldonline.fr
David Ricardo, Principes d’économie politique. « Dans le cas de la création monétaire l’avantage serait toujours pour ceux qui émettraient la monnaie de crédit ; et comme le gouvernement représente la nation, la nation aurait épargné l’impôt, si elle, et non la banque, avait fait elle-même l’émission de cette monnaie... Le public aurait un intérêt direct à ce que ce fût l’Etat, et non une compagnie de marchands ou de banquiers, qui fit cette émission ».
Abraham Lincoln « La puissance d'argent fait sa proie de la nation en temps de paix et conspire contre elle en temps d'adversité. Elle est plus despotique que la monarchie, plus insolente que l'autocratie, plus égoïste que la bureaucratie. (...) Les groupes financiers et industriels sont devenus tout puissants, il s'ensuivra une ère de corruption aux postes élevés et la puissance d'argent du pays cherchera à prolonger son règne en utilisant les préjugés du peuple jusqu'à ce que la fortune soit concentrée en un petit nombre de mains et la république détruite »
Clément Juglar (Les crises commerciales). « Qu’est-ce que le crédit, sinon le simple pouvoir d’acheter en échange d’une promesse de payer ? La fonction d’une banque ou d’un banquier est d’acheter des dettes avec des promesses à payer.... La pratique seule du crédit amène ainsi par l’abus qu’on est porté à en faire, aux crises commerciales.... Le crédit est le principal moteur, il donne l’impulsion ; c’est lui qui, par la signature d’un simple effet de commerce, d’une lettre de change, donne une puissance d’achat qui parait illimitée. »
Irving Fisher (100 % money). « Le fait de faire revivre maintenant l’ancien système de couverture intégrale des dépôts (...) empêcherait effectivement l’inflation et la déflation suscitées par notre système actuel, c’est-à-dire stopperait effectivement la création et la destruction irresponsables de monnaie par nos milliers de banques commerciales qui agissent aujourd’hui comme autant d’instituts privés d’émission (...).
L’essence du plan 100 % monnaie est de rendre la monnaie indépendante des prêts, c’est à dire de séparer le processus de création et de destruction de monnaie du prêt aux affaires »
Maurice Allais, Prix Nobel d’économie 1988 (La réforme monétaire 1976). « Le jugement éthique porté sur le mécanisme du crédit bancaire s'est profondément modifié au cours des siècles. (...) A l'origine, le principe du crédit reposait sur une couverture intégrale des dépôts. (...) Ce n'est que vers le XVII e siècle, avec l'apparition des billets de banque, que les banques abandonnèrent progressivement ce principe. Mais ce fut dans le plus grand secret et à l'insu du public » (...) «'En abandonnant au secteur bancaire le droit de créer de la monnaie, l'Etat s'est privé en moyenne d'un pouvoir d'achat annuel représentant environ 5,2 % du revenu national »
Correspondance : janpier.dutrieux@worldonline.fr
David Ricardo, Principes d’économie politique. « Dans le cas de la création monétaire l’avantage serait toujours pour ceux qui émettraient la monnaie de crédit ; et comme le gouvernement représente la nation, la nation aurait épargné l’impôt, si elle, et non la banque, avait fait elle-même l’émission de cette monnaie... Le public aurait un intérêt direct à ce que ce fût l’Etat, et non une compagnie de marchands ou de banquiers, qui fit cette émission ».
Abraham Lincoln « La puissance d'argent fait sa proie de la nation en temps de paix et conspire contre elle en temps d'adversité. Elle est plus despotique que la monarchie, plus insolente que l'autocratie, plus égoïste que la bureaucratie. (...) Les groupes financiers et industriels sont devenus tout puissants, il s'ensuivra une ère de corruption aux postes élevés et la puissance d'argent du pays cherchera à prolonger son règne en utilisant les préjugés du peuple jusqu'à ce que la fortune soit concentrée en un petit nombre de mains et la république détruite »
Clément Juglar (Les crises commerciales). « Qu’est-ce que le crédit, sinon le simple pouvoir d’acheter en échange d’une promesse de payer ? La fonction d’une banque ou d’un banquier est d’acheter des dettes avec des promesses à payer.... La pratique seule du crédit amène ainsi par l’abus qu’on est porté à en faire, aux crises commerciales.... Le crédit est le principal moteur, il donne l’impulsion ; c’est lui qui, par la signature d’un simple effet de commerce, d’une lettre de change, donne une puissance d’achat qui parait illimitée. »
Irving Fisher (100 % money). « Le fait de faire revivre maintenant l’ancien système de couverture intégrale des dépôts (...) empêcherait effectivement l’inflation et la déflation suscitées par notre système actuel, c’est-à-dire stopperait effectivement la création et la destruction irresponsables de monnaie par nos milliers de banques commerciales qui agissent aujourd’hui comme autant d’instituts privés d’émission (...).
L’essence du plan 100 % monnaie est de rendre la monnaie indépendante des prêts, c’est à dire de séparer le processus de création et de destruction de monnaie du prêt aux affaires »
Maurice Allais, Prix Nobel d’économie 1988 (La réforme monétaire 1976). « Le jugement éthique porté sur le mécanisme du crédit bancaire s'est profondément modifié au cours des siècles. (...) A l'origine, le principe du crédit reposait sur une couverture intégrale des dépôts. (...) Ce n'est que vers le XVII e siècle, avec l'apparition des billets de banque, que les banques abandonnèrent progressivement ce principe. Mais ce fut dans le plus grand secret et à l'insu du public » (...) «'En abandonnant au secteur bancaire le droit de créer de la monnaie, l'Etat s'est privé en moyenne d'un pouvoir d'achat annuel représentant environ 5,2 % du revenu national »
mercredi 18 juin 2008
Sites cités dans le livre "La dette publique, une affaire rentable"
http://www.fauxmonnayeurs.org
http://www.10mensonges.org
http://www.thetransitioner.org/
http://www.sol-reseau.org/
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2007/05/01/72-non-ce-n-est-pas-trop-cher-le-financement-des-besoins-collectifs-est-rendu-sciement-ruineux
http://fragments-diffusion.chez-alice.fr/
http://www.bigbangblog.net/article.php3?id_article=604
Une quinzaine d'autres sites et leurs auteurs, sont cités dans cet indispensable petit livre .....
lundi 9 juin 2008
Une monnaie de secours , le Wir en Suisse
Né en 1934, le réseau Wir, compte 60 000 participants aujourd’hui en Suisse.
Extraits d’un texte de Pierre-François Besson publié en février 2005 dans Swissinfo,
(http://www.swissinfo.ch/fre/swissinfo.html?siteSect=105&sid=5526380)
Des nombreuses expériences de réseaux d’échange lancées dans les années trente, le système wir est sans doute l’unique survivant.
Le système wir est né au plus fort de la crise économique et monétaire des années trente. En 1934, devant la pénurie d’argent liquide, deux petits artisans zurichois mettent en place un système parallèle pour assurer la survie de leurs échanges.
Ces hommes s’inspirent de plusieurs penseurs. De la théorie de la privatisation de la monnaie de Friedrich Von Hayek et de celle de l’argent neutre de Silvio Gesell notamment. D’où, aujourd’hui encore, l’absence de rémunération sur les avoirs en wirs
Hervé Dubois, le porte-parole de la banque WIR met cette réussite sur le compte de sa licence bancaire. «Sans la possibilité d’octroyer des crédits, le système n’aurait pas survécu»
Un bon cinquième des petites et moyennes entreprises (PME) paient leurs fournisseurs, leur charges et leurs investissements en wirs. Au moins partiellement.
L’an dernier, le chiffre d’affaires cumulé réalisé en wirs uniquement a atteint l’équivalent de 1,7 milliard de francs. Une progression de 4,2%, après dix ans de décrue due à la mauvaise santé du secteur de la construction, poids lourd de cette économie originale.
Très concrètement, la galaxie wir est un système monétaire privé, travaillant en circuit fermé. Une sorte de troc amélioré où, au lieu d’échanger des produits ou des heures de travail, les PME utilisent une unité de compte ancrée au franc suisse.
Au sommet du système: la banque coopérative WIR, basée à Bâle et présente dans plusieurs villes du pays. Travaillant sous le contrôle de la Banque nationale suisse (BNS), cet établissement émet et gouverne l’argent wir, un peu à la manière d’une banque centrale.
Le carburant d’une économie
La banque WIR gère le trafic des paiements des participants au système. Pour ce service, elle empoche 1% maximum du montant de chaque transaction. Elle octroie également des crédits très bon marché en wirs. Le carburant de cette économie.
C’est en effet à travers ses crédits aux PME que la banque injecte les wirs échangés ensuite par les participants au système. Pour cela, elle a besoin de se couvrir en attirant les dépôts en francs suisses de nouveaux participants. (l'auteur de cet article, n'apporte ici aucune justification de cette affirmation qui me parait très contestable. Note de Daniel Fargeas)
«Ces dernières années, la banque WIR a mené une politique agressive d’acquisition de clients», constate Sergio Rossi, spécialiste de la théorie monétaire à l’Université de Fribourg.
«Sur le plan théorique, poursuit l’économiste, la banque WIR s’inscrit dans un fonctionnement courant. Plus elle aura de dépôts, plus elle pourra offrir de crédits à des taux intéressants.»
Une clientèle supplémentaire
«Je participe depuis 20 ans, indique Yvette Mettler, fleuriste à Lausanne. Le système m’apporte une clientèle supplémentaire qui se déplace, car elle a des wirs à dépenser.»
«Ce n’est pas nous qui cherchons le client, c’est le client qui nous cherche, reprend Ronald Steinhauer, agenceur de cuisines en Suisse romande. Mon objectif est marketing. Les wirs élargissent mon cercle de clients. Certains m’appellent de Suisse alémanique. Ils ne seraient jamais venus sans ce système. Je n’y vois que des avantages.»
Un trop plein d’unités Wir
Encore faut-il ne pas avoir la main trop lourde. Certaines PME se retrouvent en effet noyées sous les wirs dont elles ne savent comment se défaire. Elles optent alors parfois pour le marché noir du wir, où leurs chèques leur sont repris à vil prix.
«Ce marché noir est très néfaste, explique Hervé Dubois. Il rend plus difficile le contrôle de la masse monétaire du système. Nous excluons régulièrement des participants wir qu’on attrape à acheter ou à vendre des wirs.»
CONTEXTE
- Le système monétaire wir représente 1% de la masse monétaire (M1 – billets et monnaie en circulation) en francs suisses. Géré correctement, il n’a pas d‘impact sur la stabilité macroéconomique et financière en Suisse, estime l’économiste Sergio Rossi. (Voir lien en bas de l’artcle)
- L’inflation est par contre possible au sein même du système. Dans les années septante, une surabondance de wirs a poussé la banque WIR a augmenter ses taux, comme n’importe quelle banque centrale.
FAITS MARQUANTS
60'000 PME helvétiques participent au système monétaire parallèle wir.
Dont 3000 en Suisse romande.
En 2004, la banque a progressé de 12,1% à 9,5 millions de francs pour une somme du bilan en hausse de 17,9% à 2,81 milliards de francs.
Le chiffre d’affaires cumulé des participants wir a atteint l’équivalent de 1,7 milliards de francs.
Dont 58 millions en Suisse romande et moins encore au Tessin, deux régions d’implantation plus récentes du système.
Le secteur du bâtiment «pèse» un tiers de cette économie.
Plus de 800 millions de wirs (équivalent en francs suisses) sont en circulation.
LIENS
* La Banque WIR:
http://www.wir.ch/index.cfm?DC86BF333C1811D6B9950001020761E5&o_lang_id=8
* Sergio Rossi sur le site de l’Université de Fribourg:
http://www.unifr.ch/mapom/fr
Extraits d’un texte de Pierre-François Besson publié en février 2005 dans Swissinfo,
(http://www.swissinfo.ch/fre/swissinfo.html?siteSect=105&sid=5526380)
Des nombreuses expériences de réseaux d’échange lancées dans les années trente, le système wir est sans doute l’unique survivant.
Le système wir est né au plus fort de la crise économique et monétaire des années trente. En 1934, devant la pénurie d’argent liquide, deux petits artisans zurichois mettent en place un système parallèle pour assurer la survie de leurs échanges.
Ces hommes s’inspirent de plusieurs penseurs. De la théorie de la privatisation de la monnaie de Friedrich Von Hayek et de celle de l’argent neutre de Silvio Gesell notamment. D’où, aujourd’hui encore, l’absence de rémunération sur les avoirs en wirs
Hervé Dubois, le porte-parole de la banque WIR met cette réussite sur le compte de sa licence bancaire. «Sans la possibilité d’octroyer des crédits, le système n’aurait pas survécu»
Un bon cinquième des petites et moyennes entreprises (PME) paient leurs fournisseurs, leur charges et leurs investissements en wirs. Au moins partiellement.
L’an dernier, le chiffre d’affaires cumulé réalisé en wirs uniquement a atteint l’équivalent de 1,7 milliard de francs. Une progression de 4,2%, après dix ans de décrue due à la mauvaise santé du secteur de la construction, poids lourd de cette économie originale.
Très concrètement, la galaxie wir est un système monétaire privé, travaillant en circuit fermé. Une sorte de troc amélioré où, au lieu d’échanger des produits ou des heures de travail, les PME utilisent une unité de compte ancrée au franc suisse.
Au sommet du système: la banque coopérative WIR, basée à Bâle et présente dans plusieurs villes du pays. Travaillant sous le contrôle de la Banque nationale suisse (BNS), cet établissement émet et gouverne l’argent wir, un peu à la manière d’une banque centrale.
Le carburant d’une économie
La banque WIR gère le trafic des paiements des participants au système. Pour ce service, elle empoche 1% maximum du montant de chaque transaction. Elle octroie également des crédits très bon marché en wirs. Le carburant de cette économie.
C’est en effet à travers ses crédits aux PME que la banque injecte les wirs échangés ensuite par les participants au système. Pour cela, elle a besoin de se couvrir en attirant les dépôts en francs suisses de nouveaux participants. (l'auteur de cet article, n'apporte ici aucune justification de cette affirmation qui me parait très contestable. Note de Daniel Fargeas)
«Ces dernières années, la banque WIR a mené une politique agressive d’acquisition de clients», constate Sergio Rossi, spécialiste de la théorie monétaire à l’Université de Fribourg.
«Sur le plan théorique, poursuit l’économiste, la banque WIR s’inscrit dans un fonctionnement courant. Plus elle aura de dépôts, plus elle pourra offrir de crédits à des taux intéressants.»
Une clientèle supplémentaire
«Je participe depuis 20 ans, indique Yvette Mettler, fleuriste à Lausanne. Le système m’apporte une clientèle supplémentaire qui se déplace, car elle a des wirs à dépenser.»
«Ce n’est pas nous qui cherchons le client, c’est le client qui nous cherche, reprend Ronald Steinhauer, agenceur de cuisines en Suisse romande. Mon objectif est marketing. Les wirs élargissent mon cercle de clients. Certains m’appellent de Suisse alémanique. Ils ne seraient jamais venus sans ce système. Je n’y vois que des avantages.»
Un trop plein d’unités Wir
Encore faut-il ne pas avoir la main trop lourde. Certaines PME se retrouvent en effet noyées sous les wirs dont elles ne savent comment se défaire. Elles optent alors parfois pour le marché noir du wir, où leurs chèques leur sont repris à vil prix.
«Ce marché noir est très néfaste, explique Hervé Dubois. Il rend plus difficile le contrôle de la masse monétaire du système. Nous excluons régulièrement des participants wir qu’on attrape à acheter ou à vendre des wirs.»
CONTEXTE
- Le système monétaire wir représente 1% de la masse monétaire (M1 – billets et monnaie en circulation) en francs suisses. Géré correctement, il n’a pas d‘impact sur la stabilité macroéconomique et financière en Suisse, estime l’économiste Sergio Rossi. (Voir lien en bas de l’artcle)
- L’inflation est par contre possible au sein même du système. Dans les années septante, une surabondance de wirs a poussé la banque WIR a augmenter ses taux, comme n’importe quelle banque centrale.
FAITS MARQUANTS
60'000 PME helvétiques participent au système monétaire parallèle wir.
Dont 3000 en Suisse romande.
En 2004, la banque a progressé de 12,1% à 9,5 millions de francs pour une somme du bilan en hausse de 17,9% à 2,81 milliards de francs.
Le chiffre d’affaires cumulé des participants wir a atteint l’équivalent de 1,7 milliards de francs.
Dont 58 millions en Suisse romande et moins encore au Tessin, deux régions d’implantation plus récentes du système.
Le secteur du bâtiment «pèse» un tiers de cette économie.
Plus de 800 millions de wirs (équivalent en francs suisses) sont en circulation.
LIENS
* La Banque WIR:
http://www.wir.ch/index.cfm?DC86BF333C1811D6B9950001020761E5&o_lang_id=8
* Sergio Rossi sur le site de l’Université de Fribourg:
http://www.unifr.ch/mapom/fr
samedi 7 juin 2008
Les unités d'échange, comment les introduire dans le réseau
Texte de Daniel Fargeas, initialement publié en 2002 sous le titre "Comment dynamiser les SELs et le J.E.U."
L’ Unité d’échange, un ticket de consommation universel pour un bien ou un service et pour une valeur déterminée. Un ticket de bus, par exemple, donne le droit de consommer du bus pendant une heure . Le ticket de bus n’a de valeur que si les bus roulent. Si les bus sont en grève, ou délabrés ou trop rares, ou les rues trop encombrées, il faut tout de même aller à pied et les tickets ne valent plus rien. L’unité, comme le ticket, n’a de valeur que s’il y a une richesse en face. Le ticket de bus donne l'usage d’une heure de bus et l’unité d'un réseau d'échange comme le J.E.U. donne l'usage d’une minute d’attention. Ca ne les empêche pas de perdre toute utilité et toute valeur si la richesse n’est pas au rendez-vous. Il y a donc une valeur affichée et une valeur réelle et fluctuante.
Faisons un zoom arrière, considérons le réseau dans son ensemble, vue d’avion. L’unité est l’ombre de la richesse. La monnaie nait d'un mécanisme de notre esprit. C'est une représentation symbolique.
Tout se passe comme si la somme des unités représentait la somme des richesses disponibles. En effet, l’unité perd sa valeur et les prix augmentent quand le nombre d’unité augmente face à une richesse qui stagne.
C'est ce qui se passe en ce moment: certaines valeurs boursières dégringolent, un climat de défiance s'installe. Des capitaux se réfugient sur d'autres marchés, d'autres secteurs de richesses comme le foncier, l'immobilier ou les denrées alimentaires. Ces richesses n'étant pas extensibles, les prix montent.
C'est ce qui se passe quand la richesse diminue face à une quantité d’unité stable. En temps de guerre, par exemple, la production diminue et la quantité de monnaie est la même qu'en temps de paix si les gouvernements n'ont pas la "bonne idée" de faire voter des crédits supplémentaires pour soutenir l'effort de guerre.....
Pour garder une valeur stable à cette unité de valeur, il faudrait gérer les unités en rapport avec la création des richesses. Nous devrons nous interroger sur la naissance et la mort des unités et des richesses.
Quand nous recevons des unités (on dit aussi un crédit), nous recevons un droit de consommer. Mais la valeur de ce crédit ne peut venir que d'une richesse apportée au réseau. Le ticket de bus tire sa valeur des bus en état de circuler. Une promesse n'apporte pas une caution suffisante, ce n'est qu'une richesse imaginaire, virtuelle (puisque ce mot est à la mode). Une unité de crédit ne tire sa valeur que de la richesse réellement injectée dans la communauté. Ce n'est pas une formule abstraite. C'est ainsi que ça se passe. Quand nous créons un crédit, il faut produire et injecter une richesse en même temps dans ce réseau.
Unités d’échange: comment les introduire dans le réseau, quelles modes
d’attribution ?
Quand les SELs de France , quand les partenaires du J.E.U. vont-il comprendre qu’il faut faire monter en même temps le niveau des unités avec le niveau de richesse? Voici quelques propositions adoptées dans des réseaux d'échange étrangers.
a) Une gratification individuelle appropriée: comme à Ithaca le réseau créé dans la ville du même nom par Paul Glover (http://www.ithacahours.com/french.html), on attribue des unités au partenaire qui s’engage à offrir un service de base essentiel à la vie du réseau. A Ithaca, 80% de la masse monétaire est ainsi injectée dans le réseau. Une liste des services essentiels à la communauté a été établie et l’équivalent de 100 de nos unités-minutes est attribué au nouvel inscrit s’il s’engage à maintenir le service de base qu’il a choisi sur une liste, pendant 8 mois.
b) Attribution d’unités sous forme de bourses offertes aux associations caritatives les plus efficaces au niveau régional. Cela permet de gratifier les nombreux bénévoles qui se sont dépensés sans compter au sein de ces associations pendant des années. A Ithaca, encore, 1/10 ème de la masse monétaire en circulation est attribué à des associations (sur présentation d’un dossier de candidature) C’est aussi une astucieuse façon d’accueillir dans le réseau des entités productives et déjà opérationnelles
c) Attribution d’unités sous forme de programmes de développement conçus avec les administrations en place: La quantité d’unités à distribuer, la quantité de biens à offrir, ou le volume des services demandés en échange sont planifiées en même temps et le tout est offert comme un paquet-cadeau à une université, une communauté urbaine, une caisse d’assurance vieillesse... Ainsi, les réseaux “Banques du Temps" ont été conçus par Edgar Cahn, pour être des outils de régénération du tissu social. Ils initient, par exemple, des programmes d’attribution d’unités à des étudiants qui participent à l’entretien d’un campus. Ces unités leur permettent ensuite de payer une partie de leur scolarité ou de se procurer un ordinateur. C’est une sorte de troc organisé au niveau d’un groupe.
Tous ces modes d’attribution a), b), c) , sont semblables sur un point: les unités sont injectées dans le réseau en même temps que les richesses.
Il n’y a que dans les SELs ou les LETS où l’on fait l’inverse: on injecte des unités (crédit) au moment ou quelqu’un entre en solde négatif, c’est à dire quand il consomme plus qu’il produit.
d) attribution automatique dans une situation de production automatique = Revenu d’existence
L'instauration du revenu d'existence, est un mode d’attribution d’unités proportionnel à la production automatique des machines mais ne convient pas pour un SEL. Ceux-ci ne sont pas encore dans une économie d'abondance. Nous ne disposons pas en effet des moyens de production et des machines qui permettent une production automatique et justifient un revenu automatique. Si l'on veut faire pénétrer l’idée du revenu d’existence, un crédit symbolique d'une unité par personne suffirait très bien à porter le message.
En résumé: injectons des unités dans le réseau, pour des richesses qui y sont apportées.
- par les bénévoles ou par des associations qui travaillent depuis des années sans aucune compensation,
- ou par ceux qui entrent dans le réseau en offrant un service ou un équipement de base qui va servir à construire la communauté. Par service de base, j'entends tout ce qui a rapport avec la vie, l’éducation des enfants, l'habitat, la santé, la sécurité de base, l'alimentation de base.
Ne créons pas d'unité si aucune richesse n'a été créée ou en voie d'être créée. Car c'est cette richesse qui donne une valeur à ces unités.
Et quand une personne handicapée ne peut fournir aucune richesse, que faites-vous?
C''est une question de mon ami Pierre qui travaille dans un CAT (Centre d'Aide par le Travail). C'est la question de la solidarité. On ne laisse pas les blessés de la vie mourir tout seuls dans un coin. On se serre un peu, on partage, tant qu'il y a quelque chose à partager. C'est un raison de plus pour bien gérer notre réseau.
La destruction des unités doit suivre la mort des richesses
Quand des richesses sont consommées (donc détruites) ou usées (un chapiteau pour des rencontres) ou périmées (un bulletin périodique), il parait logique de retirer les unités du circuit. Il faut pour cela demander une contribution en unités pour rembourser et annuler le crédit injecté dans le réseau par l'élaboration de ce produit. Pour qu'un réseau reste stable, il faut qu'à richesses égales, la quantité d'unités reste égale.
Exemple : La gestion en unités SEL d’une rencontre Intersel.
La solution, pour une telle rencontre, consiste à faire un prêt en unités à l’organisateur de la rencontre (c’est un débit, un découvert, mais à très court terme. Inscrivons donc sur une ardoise, à titre de prêt, 40.000 unités (pour donner un ordre de grandeur) au nom du SEL local chargé de l'organisation de cette rencontre. Cette somme permet de régler les achats possibles en unités. La participation en francs destinée à compenser les dépenses en francs incompressibles est perçue en même temps que la participation en unités (250 personnes en moyenne par jour pour 4 jours, et un budget de 40 000 unités, ça donne un droit d'entrée de 40 unités de SEL ou de J.E.U. par personne et par jour). On calcule large de telle sorte que tout le prêt soit remboursé. Le surplus va au SEL local qui l’a bien mérité. Ensuite on passe un coup d’éponge sur l’ardoise. Ca peut faire l’objet d’une petite cérémonie festive. Et tout le monde applaudi.
On peut préférer gérer toute l'opération en francs, et demander aux collaborateurs de travailler à titre bénévole. Ca évite de se pencher sur le problème, mais ça montre qu'on n'est pas encore prêt à remplacer les financiers et les banquiers qui ont pourtant un système beaucoup plus complexe à gérer avec ses amples mouvements de capitaux induits par les fluctuations des valeurs boursières et spéculatives.
Exemple de gestion du bulletin périodique de liaison du réseau SEL 66
Le Réseau SEL 66 offrait, de 1995 à 2000, à ses collaborateurs, une unité par minute de travail accomplie pour le réseau. L'élaboration du bulletin mensuel, par exemple, demandait 200 à 300 unités par mois. Et chaque mois il fallait recommencer, bien sûr... La quantité d'unités augmentait donc régulièrement pour une quantité de richesse stable (un bulletin annule et remplace le suivant) . Le bulletin étant tiré à 300 exemplaires, il eut fallut demander une contribution de 1 unité par exemplaire en plus de la contribution en francs de l'époque pour couvrir les frais de photocopie. Nous n'y avons jamais pensé.
L’ Unité d’échange, un ticket de consommation universel pour un bien ou un service et pour une valeur déterminée. Un ticket de bus, par exemple, donne le droit de consommer du bus pendant une heure . Le ticket de bus n’a de valeur que si les bus roulent. Si les bus sont en grève, ou délabrés ou trop rares, ou les rues trop encombrées, il faut tout de même aller à pied et les tickets ne valent plus rien. L’unité, comme le ticket, n’a de valeur que s’il y a une richesse en face. Le ticket de bus donne l'usage d’une heure de bus et l’unité d'un réseau d'échange comme le J.E.U. donne l'usage d’une minute d’attention. Ca ne les empêche pas de perdre toute utilité et toute valeur si la richesse n’est pas au rendez-vous. Il y a donc une valeur affichée et une valeur réelle et fluctuante.
Faisons un zoom arrière, considérons le réseau dans son ensemble, vue d’avion. L’unité est l’ombre de la richesse. La monnaie nait d'un mécanisme de notre esprit. C'est une représentation symbolique.
Tout se passe comme si la somme des unités représentait la somme des richesses disponibles. En effet, l’unité perd sa valeur et les prix augmentent quand le nombre d’unité augmente face à une richesse qui stagne.
C'est ce qui se passe en ce moment: certaines valeurs boursières dégringolent, un climat de défiance s'installe. Des capitaux se réfugient sur d'autres marchés, d'autres secteurs de richesses comme le foncier, l'immobilier ou les denrées alimentaires. Ces richesses n'étant pas extensibles, les prix montent.
C'est ce qui se passe quand la richesse diminue face à une quantité d’unité stable. En temps de guerre, par exemple, la production diminue et la quantité de monnaie est la même qu'en temps de paix si les gouvernements n'ont pas la "bonne idée" de faire voter des crédits supplémentaires pour soutenir l'effort de guerre.....
Pour garder une valeur stable à cette unité de valeur, il faudrait gérer les unités en rapport avec la création des richesses. Nous devrons nous interroger sur la naissance et la mort des unités et des richesses.
Quand nous recevons des unités (on dit aussi un crédit), nous recevons un droit de consommer. Mais la valeur de ce crédit ne peut venir que d'une richesse apportée au réseau. Le ticket de bus tire sa valeur des bus en état de circuler. Une promesse n'apporte pas une caution suffisante, ce n'est qu'une richesse imaginaire, virtuelle (puisque ce mot est à la mode). Une unité de crédit ne tire sa valeur que de la richesse réellement injectée dans la communauté. Ce n'est pas une formule abstraite. C'est ainsi que ça se passe. Quand nous créons un crédit, il faut produire et injecter une richesse en même temps dans ce réseau.
Unités d’échange: comment les introduire dans le réseau, quelles modes
d’attribution ?
Quand les SELs de France , quand les partenaires du J.E.U. vont-il comprendre qu’il faut faire monter en même temps le niveau des unités avec le niveau de richesse? Voici quelques propositions adoptées dans des réseaux d'échange étrangers.
a) Une gratification individuelle appropriée: comme à Ithaca le réseau créé dans la ville du même nom par Paul Glover (http://www.ithacahours.com/french.html), on attribue des unités au partenaire qui s’engage à offrir un service de base essentiel à la vie du réseau. A Ithaca, 80% de la masse monétaire est ainsi injectée dans le réseau. Une liste des services essentiels à la communauté a été établie et l’équivalent de 100 de nos unités-minutes est attribué au nouvel inscrit s’il s’engage à maintenir le service de base qu’il a choisi sur une liste, pendant 8 mois.
b) Attribution d’unités sous forme de bourses offertes aux associations caritatives les plus efficaces au niveau régional. Cela permet de gratifier les nombreux bénévoles qui se sont dépensés sans compter au sein de ces associations pendant des années. A Ithaca, encore, 1/10 ème de la masse monétaire en circulation est attribué à des associations (sur présentation d’un dossier de candidature) C’est aussi une astucieuse façon d’accueillir dans le réseau des entités productives et déjà opérationnelles
c) Attribution d’unités sous forme de programmes de développement conçus avec les administrations en place: La quantité d’unités à distribuer, la quantité de biens à offrir, ou le volume des services demandés en échange sont planifiées en même temps et le tout est offert comme un paquet-cadeau à une université, une communauté urbaine, une caisse d’assurance vieillesse... Ainsi, les réseaux “Banques du Temps" ont été conçus par Edgar Cahn, pour être des outils de régénération du tissu social. Ils initient, par exemple, des programmes d’attribution d’unités à des étudiants qui participent à l’entretien d’un campus. Ces unités leur permettent ensuite de payer une partie de leur scolarité ou de se procurer un ordinateur. C’est une sorte de troc organisé au niveau d’un groupe.
Tous ces modes d’attribution a), b), c) , sont semblables sur un point: les unités sont injectées dans le réseau en même temps que les richesses.
Il n’y a que dans les SELs ou les LETS où l’on fait l’inverse: on injecte des unités (crédit) au moment ou quelqu’un entre en solde négatif, c’est à dire quand il consomme plus qu’il produit.
d) attribution automatique dans une situation de production automatique = Revenu d’existence
L'instauration du revenu d'existence, est un mode d’attribution d’unités proportionnel à la production automatique des machines mais ne convient pas pour un SEL. Ceux-ci ne sont pas encore dans une économie d'abondance. Nous ne disposons pas en effet des moyens de production et des machines qui permettent une production automatique et justifient un revenu automatique. Si l'on veut faire pénétrer l’idée du revenu d’existence, un crédit symbolique d'une unité par personne suffirait très bien à porter le message.
En résumé: injectons des unités dans le réseau, pour des richesses qui y sont apportées.
- par les bénévoles ou par des associations qui travaillent depuis des années sans aucune compensation,
- ou par ceux qui entrent dans le réseau en offrant un service ou un équipement de base qui va servir à construire la communauté. Par service de base, j'entends tout ce qui a rapport avec la vie, l’éducation des enfants, l'habitat, la santé, la sécurité de base, l'alimentation de base.
Ne créons pas d'unité si aucune richesse n'a été créée ou en voie d'être créée. Car c'est cette richesse qui donne une valeur à ces unités.
Et quand une personne handicapée ne peut fournir aucune richesse, que faites-vous?
C''est une question de mon ami Pierre qui travaille dans un CAT (Centre d'Aide par le Travail). C'est la question de la solidarité. On ne laisse pas les blessés de la vie mourir tout seuls dans un coin. On se serre un peu, on partage, tant qu'il y a quelque chose à partager. C'est un raison de plus pour bien gérer notre réseau.
La destruction des unités doit suivre la mort des richesses
Quand des richesses sont consommées (donc détruites) ou usées (un chapiteau pour des rencontres) ou périmées (un bulletin périodique), il parait logique de retirer les unités du circuit. Il faut pour cela demander une contribution en unités pour rembourser et annuler le crédit injecté dans le réseau par l'élaboration de ce produit. Pour qu'un réseau reste stable, il faut qu'à richesses égales, la quantité d'unités reste égale.
Exemple : La gestion en unités SEL d’une rencontre Intersel.
La solution, pour une telle rencontre, consiste à faire un prêt en unités à l’organisateur de la rencontre (c’est un débit, un découvert, mais à très court terme. Inscrivons donc sur une ardoise, à titre de prêt, 40.000 unités (pour donner un ordre de grandeur) au nom du SEL local chargé de l'organisation de cette rencontre. Cette somme permet de régler les achats possibles en unités. La participation en francs destinée à compenser les dépenses en francs incompressibles est perçue en même temps que la participation en unités (250 personnes en moyenne par jour pour 4 jours, et un budget de 40 000 unités, ça donne un droit d'entrée de 40 unités de SEL ou de J.E.U. par personne et par jour). On calcule large de telle sorte que tout le prêt soit remboursé. Le surplus va au SEL local qui l’a bien mérité. Ensuite on passe un coup d’éponge sur l’ardoise. Ca peut faire l’objet d’une petite cérémonie festive. Et tout le monde applaudi.
On peut préférer gérer toute l'opération en francs, et demander aux collaborateurs de travailler à titre bénévole. Ca évite de se pencher sur le problème, mais ça montre qu'on n'est pas encore prêt à remplacer les financiers et les banquiers qui ont pourtant un système beaucoup plus complexe à gérer avec ses amples mouvements de capitaux induits par les fluctuations des valeurs boursières et spéculatives.
Exemple de gestion du bulletin périodique de liaison du réseau SEL 66
Le Réseau SEL 66 offrait, de 1995 à 2000, à ses collaborateurs, une unité par minute de travail accomplie pour le réseau. L'élaboration du bulletin mensuel, par exemple, demandait 200 à 300 unités par mois. Et chaque mois il fallait recommencer, bien sûr... La quantité d'unités augmentait donc régulièrement pour une quantité de richesse stable (un bulletin annule et remplace le suivant) . Le bulletin étant tiré à 300 exemplaires, il eut fallut demander une contribution de 1 unité par exemplaire en plus de la contribution en francs de l'époque pour couvrir les frais de photocopie. Nous n'y avons jamais pensé.
jeudi 5 juin 2008
L'argent associatif, faites-le vous même en abondance

Texte de Daniel Fargeas, initialement présenté en juillet 1994
Résumé Avec une comptabilité, on garde une trace de l’échange, la réciprocité immédiate n’est plus nécessaire comme dans le troc.Il y a création d’une “monnaie comptable associative”. Nos accords chiffrés deviennent de la monnaie. La magie d’une comptabilité peut assurer la prospérité de n'importe quel groupe.
Le renouveau du troc est intéressant, car dans un troc ou les pôles de l'échange s'étalent dans le temps, nous voyons une monnaie pointer le nez. En effet quand la simultanéité de l’échange disparait, il y a un compte, un souvenir, une promesse en mémoire, une parole à tenir.
Vous pouvez m’offrir un panier de cerises cueillies en juin. En échange je vous donnerai une journée d’accueil en août. Vous pouvez me donner 15 journées de vendangeur, et je vous offre 5 mois d’occupation d’une maison dans le village (accord encore en usage dans le village de Vingrau des années 60 ). Si nous écrivons cette promesse de 15 journées de travail sur un petit bout de papier ou dans notre mémoire, je pourrais à mon tour donner ce petit bout de papier ou communiquer cet accord à une troisième personne à titre de paiement. Vous irez vendanger chez cette troisième personne. Notre accord est devenu une monnaie.
L’argent, dit “oui” et “combien”. La monnaie est un accord chiffré.
Nous comencons à créer de l’argent, des unités de valeur, sans nous en apercevoir, dès que nous passons un accord : l’un fait la vaisselle tandis que l’autre conduit les enfants à l’école... Il y a à peu près la même quantité d’enfants pour la même quantité d’assiettes. L’accord est quantifié d’une façon tacite. l’argent nait à chaque pas, à chaque geste que nous coordonnons avec l’autre, qu’il soit ma femme ou mon voisin. Cet accord, on l’appel Troc et pourtant c’est le début d’une comptabilité sans crayon, la trace de nos accords est conservée en mémoire, nous n’avons qu’une parole ! Les grands financiers chinois de Hong Kong brassent des milliards ainsi depuis toujours, les yeux dans les yeux. On peut se dire oui avec un signe de tête, un sourire, un soupir, une poignée de main ou en dormant ensemble dans un grand lit carré. Mais on commence à créer de l’argent quand nous disons oui avec nos décisions et nos actions coordonnées et que les richesses ainsi échangées commencent à être quantifiées. Les chiffres gardés en mémoire dans une tête, sur un papier monnaie, sur une rondelle de métal, ou sur une puce de carte magnétique, viennent concrétiser cet accord tacite ou conscient. Si nous pouvions nous dire "Oui" plus souvent dans nos échanges locaux nous serions moins dépendants des signes monétaires internationaux et des décisions ruineuses (pour nous, pas pour eux ) des financiers de New York, de Berlin ou de Tokio. En dehors du cercle amical ou familial une monnaie plus largement acceptée devient nécessaire et permet de concentrer, de disposer, de convertir, sur un point précis, des hommes, des machines, des marchandises, des services. La monnaie permet à une communauté de respirer, de prendre des décisions, de concrétiser des choix, de faire de grands travaux. Les gens ne se connaissent plus, ne parlent peut-être pas la même langue mais ils ont confiance en un signe commun, la monnaie. Aujourd’hui les hommes n’ont plus confiance entre eux mais ils gardent leur confiance pour des signes qui ont étés fabriqués par des étrangers, par une caste de financiers. Les hommes se font saigner jusqu’à la dernière goutte pour n’avoir pas su communiquer. Ils ont laissé s’introduire entre eux la méfiance. Je connais un excellent spécialiste de la communication, et très bon poète, qui a équipé sa villa d’un système sophistiqué de surveillance. Quand serons nous assez conscients de ces processus pour que personne ne puisse nous empêcher de prendre les décisions élémentaires qui pourraient améliorer notre vie? Laisserons nous encore longtemps étouffer notre action dans la peur, dans la palabre stérile ou dans la passive consommation des loisirs de masse? Personne ne peut nous empêcher de quantifier nos décisions afin d’inclure un nombre toujours plus grand d’acteurs, notre seul ennemi semble être notre manque de discernement ou de clarté ou nos fuites énergétiques. Désigner un bouc émissaire est peut-être agréable mais on va voir plus loin où ça nous mène. Prenons plutôt la responsabilité de notre situation.
Une comptabilité semble nécessaire comme toutes les comptabilités pour que les couts des produits soient répercutés tout au long du fleuve production-consommation. Cette quantification permet d’éclairer nos décisions, de les faire coller à la réalité de la production. En mettant des chiffres sur des produits ou des services nous pouvons dire à l’autre l’effort, le temps, la peine, l’amour peut-être, que nous y avons mis (et ce que nous avons consommé pendant ce temps). Puisque nous savons prendre des décisions et puisque nous savons compter, associons-nous et tenons nous-même les comptabilités correspondantes à nos échanges. A-t-on encore besoin de quelqu’un pour nous tenir le crayon. Dans quelle étrange passivité sommes nous tombés pour attendre que les financiers internationaux fassent le travail à notre place. Ils ne vont pas nous dire: “Vous pouvez le faire vous-même, gardez la comptabilité de vos accords, c’est de l’or...” Ne sommes nous pas un peu naïfs? Ces financiers et leurs amis se tuent au travail et d’infarctus pour gérer leurs affaires. Comment auraient-ils encore un peu de temps, de sensibilité, d’attention ou d’amour pour s’occuper des autres hommes et de la nature en plus! Les banquiers ont mis des siècles pour prendre le contrôle de la monnaie en une lente mondialisation des échanges . Les guerres nous le verrons plus loin n’en sont que les anecdotes.
Comment commencer ??
Peut-être pourrons nous commencer à créer des accords chiffrés pour jouer et nous exercer. Deux personnes suffisent. Nous pouvons commencer à l’intérieur d’un groupe d’amis ou du cercle familial. Nous jouons, n’est-ce pas, comme dans un jeu de rôle. Chacun tient le compte sur un bout de carton, de sa contribution à l’économie de la maison. Ou bien on peut essayer de faire circuler des promesses écrites sur des petits bouts de papier et voir ce que ça donne. Les comptes individuels sont relevés sur un registre ou sur un ordinateur en fin de journée ou de semaine pour représenter le mouvement global de nos échanges. Les chiffres gardent le souvenir de ces transactions. Nos échanges n’ont plus besoin d’être simultanés comme dans le troc. Nous venons ainsi de créer de la monnaie comptable à l’échelle familiale. Rien ne nous empèche dans un deuxième temps de créditer régulièrement et également le compte de chacun de 10, 100 ou 1000 unités pour mettre de l’huile dans le système, pour que la quantité de signes disponibles soit toujours en rapport avec l’accroissement de la richesse et des échanges au sein de la communauté, ou simplement pour voir ce que ça donne...
Voilà, tout est dit ou presque. Complétons par quelques réflexions théoriques ou pratiques, et la liste de documents et adresses.
Sans richesses, sans biens, sans production, l’argent n’a pas de valeur
Un ticket de bus ( droit de consommer du bus pendant une heure) n’a plus de valeur s’il n’y a plus de bus. Ce qui a de la valeur c’est le bus et le service qu’il peut offrir. Vous pouvez chercher d’autres exemples avec vos enfants: amusement garantit. Des tickets de bus, on peut en imprimer autant que le permet la capacité et la fréquence des bus. Alors pourquoi voit-on une région, un pays, le monde entier, s’arrêter par manque de signes, par manque d’argent, alors que la production déborde de partout? Pourquoi nos dirigeants ne créent-ils pas assez de signes, assez d’unités pour que toute cette production s’écoule. Sont-ils vraiment responsables du bien public? Créer de la monnaie comptable est encore plus simple que d’imprimer des tickets de bus. Les bus s’arrêtent-ils par manque de tickets?
Plusieurs monnaies et comptabilités, peuvent coexister. Pourquoi n’y a-t-il qu’une seule monnaie aujourd’hui: La monnaie officielle créée au compte-goutte? Qui est-ce que ça arrange quand la plupart des hommes souffrent du manque d’argent? Nous pouvons très bien imaginer une monnaie convertible au niveau planétaire telle que celle que nous utilisons aujourd’hui et utiliser au niveau local, une monnaie comptable associative pour les besoins de notre petit groupe familial ou régional. L’écu circule bien au niveau financier tandis que nous utilisons des francs ou des marks. Que nous soyons dix ou mille personnes, c’est le même défit, faire tourner entre nous des unités comptables.
Si l’argent est rare, c’est pas par hasard....
L’argent international actuel est équipé de toutes sortes de mécanismes de régulation. L’argent acquière une plus grande valeur grâce à sa rareté soigneusement entretenue. Ce qui est rare est cher. Le loyer de l’argent est soigneusement calculé dans les grandes places financières internationales de telle sorte que les profits des possesseurs d’argent soient optimisés. Trop d’argent; son taux d’intérêt tombe immédiatement puisque tout le monde en a. Les profits liés aux prêts et à la circulation de l’argent diminuent. Pas assez d’argent ; tous les échanges économiques mondiaux sont paralysés et l’argent perd de sa valeur puisque celle-ci vient d’une économie prospère (le ticket de bus n’a plus de valeur, s’il n’y a plus de bus). Il faut donc étouffer l’économie mondiale un tout petit peu, mais pas trop. De tant en temps il faut désserer l’étreinte pour permettre au monde de reprendre son souffle. Ainsi les spéculations peuvent reprendre de plus bel. Les flux monétaires internationaux correspondants à des échanges réels de biens et services, sont 20 à 30 fois inférieurs aux flux correspondants à de simples mouvements spéculatifs boursiers ( c’est dans le livre de géographie du baccalauréat). Les signes monétaires consacrés à fluidifier les échanges sont proportionnellement de moins en moins importants. Les intérêts retirent de la circulation plus d’argent qu’il n’en a été injecté au moment du prêt. L‘argent devient plus rare encore. Les impôts, les emprunts publics retirent aussi de l’argent de la circulation. Il y a d’autres exemples dans l’histoire d’hier et d’aujourd’hui de rackets célèbres associés à la rareté. On stock, on verrouille et on fait payer! L’impôt sur le sel, les taxes sur la circulation, les octrois...Là aussi vous pouvez trouver avec vos enfants d’autres exemples de rareté naturelle ou organisée. Voici un exemple de rareté naturelle. Quand le gel détruit la production de salades dans les jardins familiaux, les prix montent au marché et les maraichers qui savent faire des couches chaudes sont contents. En pleine production le prix des tomates tombe à zéro... Etc...
L’argent rare, est un outil de corruption
La rareté fait un argent cher et puissant. Toutes les énergies ou presque peuvent être achetées. La plus part des hommes recherchent les activités les plus lucratives. La plupart des femmes recherchent les hommes qui leur assurent prestige personnel et sécurité pour élever leurs enfants. Le prix de la sécurité même devient plus élevé. La compétition devient plus féroce. Le profit immédiat passe avant toute autre considération d’ordre social, humanitaire ou écologique. Cette pression permanente engendre des décisions erronées à tous les niveaux et suffit à expliquer la pagaille du monde actuel.
L’argent abondant permet de diriger la production
D’après C.H. Douglas les consommateurs munis d’un pouvoir d’achat, exerceraient un droit de vote sur la production. Un marché libre et fluide, avec assez d’argent en circulation, reflèterait le désir des consommateurs et la production suivrait fidèlement. Toutes les procédures telles que réajustements, reconversions, assainissement du marché, quotas, ne sont nécessaires que sur des marchés bloqués qui ont perdu leur souplesse par manque d’argent (parce que l’argent est plus profitable ailleurs). Voilà des économies de personnel en perspective dans certaines administrations.
Les richesses du monde appartiennent à tous
Depuis des siècles, les sociétés humaines, les civilisations, le progrès technique, les lois, permettent de dégager de la joie de vivre avec ou sans exploitation des richesses naturelles et de l’énergie de la planète. Ces hommes sont morts et nous sommes leurs héritiers, co-propriétaires de cette richesse collective immense. La part de la machine (fruit du progrès collectif) dans la production est de plus en plus grande. Nos revenus par notre participation personnelle, par le travail, diminuent de plus en plus inévitablement. Nos revenus de co-propriétaires, de capitaliste planétaire doivent donc augmenter par la distribution de dividendes. C’est ce qui se passe du reste, encore modestement sous forme d’allocations sociales de toutes sortes. Ainsi l’aide gouvernementale apportée à l’agriculture française en 1992 atteint 3500 F par mois et par personne. 3500 F par mois pour produire moins, pour arracher la vigne, pour mettre les terres en jachère... Alors pourquoi répéter que nous avons tous le droit au travailler. A l’ époque biblique, peut-être. Mais aujourd’hui avec toutes ces machines qui travaillent pour nous ( et en supprimant le gaspillage qui résulte de la compétition ) nous pourrions ne travailler que deux heures par jour (lire “Travailler deux heures par jour” de Adret, édité par Points-Seuil , Paris 1977.)
Le crédit social ou revenu d’existence... (Concept initié pour la première fois par D.H. Douglas vers 1920)
... est un crédit injecté régulièrement, et également sur le compte-crédit de chacun sous la forme de simples chiffres. Cela peut se faire d’une façon électronique et automatique. C’est un crédit inconditionnel accordé à chacun de sa naissance à sa mort. C’est son dividende de “capitaliste planétaire”, de cohéritier de la planète-terre. A production de plus en plus automatique, il nous faut un revenu, un pouvoir d'achat de plus en plus automatique. Feindre de demander du travail pour tous et restreindre la production par des cotas est complètement contradictoire mais on peut comprendre comment on en est venu là. Les gens qui sont parvenus au pouvoir, qui façonnent l’opinion, qui sont les locomotives et portent les valeurs de notre société, sont pris dans une telle course au profit, dans une telle boulimie, dans un tel élan, qu’ils sont sincèrement persuadés qu’il faut beaucoup travailler pour gagner de l’argent et une place au soleil. Ils y sont parvenus en chérissant ces valeurs, de père en fils. On peut comprendre que dans un élan de compassion à notre égard, ils aient envie de nous faire partager le secret de leur réussite. Ils se tuent au travail, il veulent que nous en fassions autant. Combattre et s’activer est leur jeu et leur raison d’être depuis 10.000 ans. Les machines ne sont apparues que depuis 100 ans. Les valeurs d’hier ne sont plus adaptées à la situation d’aujourd’hui. Nous sommes tous égaux dans le partage de notre héritage universel comme nous sommes égaux devant la Loi.
Les banquiers ont tendance à penser
que l’argent leur appartient (que feriez-vous à leur place? Avez-vous laissé tomber ces valeurs associées à la compétition et au profit? Forts de cette conviction, et de notre passivité , ls demandent des intérêts forts élevés pour leur soi-disant propriété. Ils prennent des décisions en fonction du seul profit immédiat du système financier qui les porte. Ils se trompent simplement d’échelle. Le système qu’ils devraient servir est la société toute entière pas seulement la corporation des comptables. Par les prêts accordés aux entreprises les plus capables de rembourser des intérêts élevés, les banquiers MONOPOLISENT et créent de toute pièce la totalité de l’argent du monde. Abus de pouvoir et de bien public à un niveau planétaire, issu de privilèges chèrement gagnés.
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